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Chine-Etats-Unis : en 1972, la réconciliation entre Mao et Nixon, « coup de tonnerre dans le ciel » de la guerre froide

Par Alain Frachon

Publié aujourd’hui à 04h47, mis à jour à 04h47

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Récit« Rivaux en puissance » (1/6). « Le Monde » revient, dans une série en six volets, sur les événements marquants de l’histoire tumultueuse entre la Chine et les Etats-Unis. Il y a cinquante ans, en février 1972, le président chinois reçoit son homologue américain à Pékin, rétablissant des relations diplomatiques rompues depuis plus de vingt ans.

C’est l’histoire de deux dirigeants, un Américain et un Chinois. Ils sont ennemis et tout les oppose. Mais ces deux-là, l’un et l’autre trahissant leur famille politique, vont décider d’une quasi-alliance qui va changer la face du monde – à tout le moins la fin du XXe siècle. En ce 21 février 1972, le froid pince dur et le ciel est gris à la mi-journée quand le Boeing du président Richard Nixon, 59 ans, anticommuniste acharné, se pose sur l’aéroport de Pékin, l’un des épicentres du communisme mondial.

Le leader républicain est l’invité du révolutionnaire Mao Zedong, 79 ans. Grand Timonier d’une Chine qu’il soumet à des expériences collectivistes mortifères, Mao est aussi l’animateur, à l’étranger, de la lutte contre l’impérialisme américain. Nixon descend seul l’échelle de coupée d’Air Force One, au bas de laquelle l’attend le premier ministre, Zhou Enlai, le plus policé des mandarins au service du régime communiste.

Lire aussi (1971) : Article réservé à nos abonnés M. Nixon se rendra à Pékin avant le mois de mai 1972. Le rapprochement sino-américain a été préparé en secret par M. Kissinger. Formose rappelle son ambassadeur à Washington. Le président des Etats-Unis espère trouver en Chine la solution du problème vietnamien

Pour la première fois depuis vingt ans, alors que les deux pays n’ont pas de relations, une fanfare de l’armée chinoise joue le Star Spangled Banner, l’hymne national des Etats-Unis. L’empire du Milieu accueille celui du dollar, cependant que les murs de la ville portent encore, en anglais et en chinois, les slogans d’hier : « A bas l’impérialisme américain et ses chiens de garde ! »

Pour mesurer la transgression – on dirait aujourd’hui la « disruption » – que représentent ces journées de février 1972, il faut revenir en arrière. En 1949, la victoire des communistes de Mao dans la guerre civile qui déchire la Chine entraîne une rupture des relations sino-américaines. Washington est du côté des perdants, les nationalistes de Tchang Kaï-chek. Ceux-ci, repliés sur l’île de Taïwan – à l’époque, on l’appelait encore Formose –, assurent que leur République de Chine (RC) reste l’unique dépositaire de la souveraineté nationale chinoise. Ceux-là, qui établissent la République populaire de Chine (RPC), prétendent le contraire et, à différentes reprises, bombardent les premiers – sans succès.

« Euréka »

Les Etats-Unis transforment Taïwan en porte-avions américain. Ils déménagent leur « ambassade de Chine » à Taïpei. L’unique représentation chinoise à Washington devient celle de Taïwan. Mao se range aux côtés de l’URSS dans la guerre froide pour constituer ce bloc communiste auquel fait face un bloc occidental piloté par les Etats-Unis. Un des chapitres les plus sanglants de ce conflit planétaire se déroule en Asie : Moscou et Pékin appuient le Vietnam du Nord dans la guerre contre le Vietnam du Sud, aux côtés duquel l’armée américaine est engagée.

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