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Le député Péter Ungár, à Budapest, le 10 février 2022. ANDRAS ZOLTAI POUR M LE MAGAZINE DU MONDE
Le député arrive avec ses baskets jaune pétant, dans un de ces bars branchés de Budapest où il évolue comme un poisson dans l’eau. « Je viens d’une famille très freudienne », lance-t-il en forme de présentation dans un anglais parfait, avant de répondre aux questions au rythme d’une mitraillette, mais en écartant systématiquement les plus intimes. « Je comprends que ça vous intéresse, mais vous n’êtes pas mon psychologue. »
A 30 ans, Péter Ungár, élu d’opposition du Parti vert de Hongrie (LMP), est une des plus grandes énigmes de la vie politique hongroise. Bien que fils de la principale figure intellectuelle du pouvoir de Viktor Orbán – Maria Schmidt, la directrice du Musée de la terreur de Budapest –, il est l’un des leaders de l’alliance inédite de six partis d’opposition qui espère renverser le premier ministre nationaliste, au pouvoir depuis douze ans, lors des élections législatives du 3 avril.
Choix courageux d’assumer
A cela s’ajoute qu’il est le premier responsable politique hongrois en activité à avoir assumé ouvertement son homosexualité. Un choix courageux à l’heure où Viktor Orbán a décidé de faire du sujet le principal axe de sa campagne. Le même jour que les législatives, les Hongrois sont en effet invités à se prononcer par référendum sur « la protection des enfants », avec des questions aussi biaisées qu’« êtes-vous favorable à l’enseignement de l’orientation sexuelle aux mineurs sans le consentement des parents ? » ou « êtes-vous favorable à la promotion de la thérapie de changement de sexe pour les enfants mineurs ? »
« Un référendum homophobe, mais qui n’aura aucune conséquence juridique vu la formulation des questions », veut rassurer Péter Ungár, dans un contexte où de nombreux homosexuels ont quitté la Hongrie ces dernières années face au climat de haine et aux messages gouvernementaux confondant homosexualité et pédophilie.
Né en 1991 dans une riche famille de Budapest, Péter Ungár assure avoir découvert son homosexualité à la fin des années 2000, « à une époque où l’extrême droite s’en prenait violemment à la Gay Pride », rappelle-t-il.
Après avoir fait fortune dans l’immobilier, son père meurt en 2006, en lui laissant en héritage sa fortune et son judaïsme. Peu après, Péter Ungár commence à s’intéresser à la politique « par rébellion contre [sa] mère » et pour contrer « cette atmosphère où tout est devenu trop hystérique, trop divisé et trop émotionnel » sous l’influence de Viktor Orbán.
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