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La République dominicaine entame la construction d’un mur à sa frontière avec Haïti

Le président dominicain Luis Abinader à l’inauguration des travaux du mur-frontière avec Haïti, à Dabajon, le 20 février 2022. ERIKA SANTELICES / AFP

Promise il y a un an par le président de la République dominicaine, Luis Abinader, la construction d’un mur le long de la frontière de son pays avec Haïti a été lancée en grande pompe, dimanche 20 février, dans la zone frontalière de Dajabon (nord-ouest).

Cette barrière « bénéficiera aux deux pays, car elle permettra de contrôler beaucoup plus efficacement le commerce bilatéral, de réguler les flux migratoires pour lutter contre les mafias de trafic d’êtres humains, de lutter contre le trafic de drogue et les ventes illégales d’armes », a déclaré, lors d’une cérémonie, M. Abinader, élu en juillet 2020 et dont la lutte contre l’immigration clandestine est l’un des chevaux de bataille.

Les travaux coûteront 31 millions de dollars (environ 27 millions d’euros) et dureront neuf mois. La première étape lancée dimanche comptera 54 kilomètres de clôture « dans les zones les plus peuplées et sensibles de la frontière », selon le président. Une deuxième étape prolongera le mur de 110 km. Le mur s’étendra ainsi sur 164 des 380 kilomètres de la frontière poreuse entre les deux voisins qui se partagent l’île d’Hispaniola.

Près de 4 mètres de hauteur, soixante-dix tours de surveillance

Le mur en béton armé sur lequel sera posée une structure métallique sera haut de 3,90 mètres et épais de 20 centimètres. Il y aura, a ajouté l’armée, soixante-dix tours de surveillance et de contrôle.

« La grave crise institutionnelle et sécuritaire en Haïti a conduit sa population à une situation préoccupante d’instabilité politique et sociale, ainsi qu’une crise économique et alimentaire endémique », a déclaré, pendant son discours, M. Abinader, évoquant les soubresauts que traverse Haïti depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet.

« Chaque fois qu’Haïti a subi une catastrophe, nous, les Dominicains, avons toujours été les premiers à lui venir en aide. Cependant, la République dominicaine ne peut pas prendre en charge la crise politique et économique de ce pays ni résoudre le reste de ses problèmes », a-t-il dit. Cette crise « doit être surmontée par les Haïtiens eux-mêmes et prise en charge par la communauté internationale », a-t-il ajouté.

« Xénophobie et racisme »

Les organisations de défense des migrants critiquent la construction du mur, estimant qu’il provoquera « xénophobie et racisme ». Le maire de Dajabon, Santiago Riveron, a déclaré à l’Agence France-Presse qu’il n’était pas d’accord « avec ce type de mur », car « le vrai mur, c’est celui de l’économie » et de la corruption, accusant des « militaires d’encaisser des pots-de-vin de 100 ou 200 pesos [2 ou 4 dollars] » par immigrant clandestin.

La République dominicaine (10,5 millions d’habitants) accueille quelque 500 000 Haïtiens à la recherche de meilleures conditions de vie chez le voisin bien plus prospère, selon l’Enquête nationale sur les immigrants.

Le Monde avec AFP

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