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Samy Cohen : « Sur Israël, la comparaison d’Amnesty international avec l’Afrique du Sud est inappropriée »

Tribune. Publié le 1er février, le rapport d’Amnesty International intitulé « L’apartheid d’Israël contre la population palestinienne : un système cruel de domination et un crime contre l’humanité » s’ajoute aux réquisitoires de Human Right Watch et de l’ONG israélienne B’Tselem. A ceci près qu’Amnesty va beaucoup plus loin en s’attaquant au fondement même de l’Etat. Comme on pouvait s’y attendre, il fut fraîchement accueilli par les autorités israéliennes qui, à leur habitude, ont esquivé la question de l’occupation pour accuser l’ONG d’être une organisation « radicale », voulant « délégitimer » Israël.

Le principal reproche qu’on peut faire à Amnesty est d’avoir affaibli la portée de son rapport en faisant plusieurs approximations. La première tient à la définition de l’apartheid. L’ONG prend comme référence la convention internationale adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies, en novembre 1973, pour l’élimination et la répression du crime d’apartheid. Celui-ci renvoie à des « actes inhumains (…) commis en vue d’instituer ou d’entretenir la domination d’un groupe racial d’êtres humains sur n’importe quel autre groupe racial d’êtres humains et d’opprimer systématiquement celui-ci ».

Parmi ces actes, sont mentionnés les atteintes à la dignité, les arrestations arbitraires, les restrictions des libertés et des droits humains fondamentaux, les expropriations de biens. Mais il y a une seconde acception du mot « apartheid » que l’ONG passe sous silence et qui renvoie à la politique ségrégationniste mise en œuvre par le régime raciste d’Afrique du Sud pour asseoir la suprématie blanche sur les populations non-blanches (apartheid veut dire « séparation » en afrikaans).

Sans la guerre, pas de domination

La convention de 1973 s’applique de toute évidence à la situation en Cisjordanie. Un système ségrégationniste y a été mis en place, avec des structures juridiques et administratives séparées pour les colons et les Palestiniens. Les premiers sont jugés devant des tribunaux israéliens, conformément au droit pénal israélien, les seconds devant des tribunaux militaires qui prononcent des peines beaucoup plus sévères.

Les Palestiniens ne jouissent pas de droits politiques et leurs droits civiques sont limités. Les arrestations arbitraires et les expropriations de biens sont monnaie courante. La réplique des autorités israéliennes au rapport évacue plus de cinquante années de domination sans partage et de colonisation débridée, et escamote l’annexion de Jérusalem-Est, où les habitants palestiniens, poussés à quitter la ville par des associations juives, ne disposent pas de droits égaux à ceux des habitants juifs.

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