Fragilisée par l’ampleur des révélations des violences sexuelles commises par des clercs, confrontée à l’effondrement des vocations dans les pays occidentaux et à la critique du cléricalisme, la figure du prêtre catholique traverse aujourd’hui une crise majeure. Les plus hautes autorités de l’Eglise catholique, dont le pape François, ont voulu lui porter secours en participant, jeudi 17 février, à un symposium sur le sacerdoce organisé au Vatican jusqu’à samedi. Le registre de la théologie fondamentale choisi par ses organisateurs n’a pas exclu les questions brûlantes comme celle du célibat obligatoire des prêtres, que certains, y compris de hauts prélats, souhaiteraient voir devenir facultatif.
C’est le cardinal Marc Ouellet, le préfet de la congrégation pour les évêques, qui a pris l’initiative de ce colloque. Il a reçu le soutien du pape, qui lui a prêté la grande salle Paul VI, à l’intérieur même du Vatican, pour l’organiser en présence de quelque cinq cents personnes, essentiellement des prêtres et de nombreux évêques. Signe de l’attention portée à ce sujet, pas moins de cinq chefs de dicastères (les services de la curie romaine) devaient y participer, en plus du secrétaire d’Etat (le numéro deux), Pietro Parolin, qui présidera la messe de samedi.
Le cardinal Ouellet a d’emblée placé cet exercice de réflexion collective dans le contexte de « la tragédie des abus sexuels commis par des clercs ». Pour surmonter cette « crise sacerdotale de notre temps », il a jugé nécessaire de « reconstruire l’horizon global du sacerdoce » aujourd’hui marqué par « une mentalité cléricale de pouvoir et une attitude de contrôle excessif de la part du clergé sur l’ensemble de la communauté ». Les organisateurs ont inscrit leur colloque dans la préparation du prochain synode des évêques qui, en 2023, à la demande du pontife argentin, portera sur la gouvernance catholique.
« Le célibat peut devenir un poids insupportable »
Dans un long discours, jeudi, François a choisi de se tenir à l’écart des « discussions interminables sur la théologie du sacerdoce » pour s’attacher à la façon de le vivre, puisant dans son expérience personnelle – « Je ne sais pas si ces réflexions sont le chant du cygne de ma vie sacerdotale », a glissé au passage l’Argentin de 85 ans. Il a évoqué les prêtres qui avaient nourri son parcours comme ceux qu’il avait « dû accompagner parce qu’ils avaient perdu le feu du premier amour et que leur ministère était devenu stérile, répétitif et vide de sens ». Il a reconnu être lui-même passé par « des moments d’épreuve, de difficulté et de désolation ». « Le célibat est un don que l’Eglise latine conserve, a-t-il dit, mais il est un don qui, pour être vécu comme sanctification, nécessite des relations saines, des rapports d’estime véritable [avec les autres prêtres] (…) Sans amis et sans prière, le célibat peut devenir un poids insupportable et un contre-témoignage à la beauté même du sacerdoce ».
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