Après deux ans de pandémie, Air France-KLM s’est dit optimiste pour l’avenir mais doit d’abord solder les conséquences du Covid-19 qui lui a encore fait perdre 3,3 milliards d’euros en 2021, en lançant une nouvelle recapitalisation avec l’aide de la puissance publique.
La perte nette du groupe aérien franco-néerlandais, publiée jeudi, est inférieure de moitié à celle de 2020 (7,1 milliards d’euros), mais sa dette nette reste très élevée, à 8,2 milliards.
Alors que le secteur espère une reprise plus franche une fois passée la vague Omicron du Covid-19 qui a mené à des suppressions de vols en janvier, Air France-KLM a connu un quatrième trimestre 2021 meilleur qu’attendu, avec un bénéfice opérationnel de 178 millions d’euros.
C’est un résultat plus élevé que lors de la période correspondante de 2019, avant la crise: à la faveur de la réouverture des frontières au Canada puis aux Etats-Unis, les compagnies du groupe ont vu leurs rentables liaisons long-courriers reprendre de la vigueur.
Le retour à la situation pré-pandémie reste encore loin. Avec un premier semestre 2021 très affecté par le variant Delta, le chiffre d’affaires annuel n’a atteint que 14,3 milliards d’euros. C’est 29% de mieux qu’en 2020, mais encore inférieur de 47,5% au niveau de 2019.
Les trois derniers mois de l’année ont tout de même « représenté un tournant pour Air France-KLM », a affirmé le directeur général du groupe, Benjamin Smith, cité dans un communiqué.
Malgré un retour des restrictions de déplacements fin 2021 en raison d’Omicron, « la performance globale reflète aussi bien la demande latente pour les voyages que le résultat de nos efforts de transformation », a-t-il jugé.
Face à la crise, le groupe a lancé une réduction drastique d’effectifs: 8.500 suppressions de postes chez Air France, dont 700 auront lieu cette année, et 5.500 chez KLM, dans le cadre d’un plan d’économies tous azimuts.
« La crise n’est pas encore terminée », mais la reprise visible « nous rend optimiste pour l’avenir », a assuré M. Smith, dont le groupe a déjà donné des signes de confiance à long terme en commandant fin décembre à Airbus pas moins de 100 moyen-courriers de la famille A320neo.
– Deuxième recapitalisation –
Pour le premier trimestre 2022, le groupe déploiera une capacité de sièges de 73 à 78% du niveau de 2019, et veut toujours retrouver les niveaux d’avant-crise en 2024.
Mais il ne se hasarde pas à donner des prévisions annuelles pour 2022, « étant donné l’incertitude concernant la situation sanitaire et la réouverture du Japon et de la Chine ».
Le choc pétrolier en cours risque aussi d’alourdir sa facture en carburant, même si le groupe s’est partiellement prémuni en effectuant des achats à l’avance.
En attendant, Air France-KLM doit continuer à rééquilibrer ses comptes et s’est dit prêt à lancer une nouvelle opération de recapitalisation, la seconde après celle d’avril 2021, et pouvant atteindre elle aussi jusqu’à 4 milliards d’euros.
Parmi les pistes envisagées figure une augmentation de capital pour laquelle les actionnaires actuels, dont l’Etat français qui détient actuellement 28,6% des parts, seraient prioritaires.
Les Etats français et néerlandais pourraient participer à cette opération « au prorata » de leurs participations actuelles, et « à travers une compensation partielle des aides » qu’ils ont consenties, selon Air France-KLM.
Lors de la première recapitalisation, l’Etat français avait converti en quasi-fonds propres 3 milliards d’euros de prêts et participé à une augmentation de capital d’un milliard d’euros.
Pour cette nouvelle opération, dont la date de déclenchement n’est pas encore connue, Air France-KLM évoque aussi l’émission « d’obligations perpétuelles » pour « accélérer le remboursement des aides d’Etat » qui lui ont permis de survivre au début de la crise.
Ces aides ont en effet été assorties de conditions par la Commission européenne, limitant la capacité du groupe à effectuer des acquisitions au moment où nombre d’acteurs de l’aérien sortent très affaiblis de la crise.
Cette nouvelle étape vise à ramener d’ici à 2023 la dette nette au double de l’excédent brut d’exploitation, un ratio scruté par les investisseurs car il traduit la capacité de l’entreprise à honorer ses créances.
Dans l’immédiat, Air France-KLM a assuré ne pas avoir de problèmes de trésorerie avec 10,2 milliards d’euros de liquidités et de lignes de crédit à disposition.
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