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L’avenir des casques bleus de la Minusma en suspens après le retrait français du Mali

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Des discussions entre membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont débuté récemment sur l’avenir de la mission de casques bleus de l’ONU au Mali, bénéficiaire d’un important soutien des opérations française « Barkhane » et européenne « Takuba » qui sont en voie de s’achever dans ce pays.

La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma), créée en 2013 pour soutenir le processus politique malien, est l’une des missions de paix les plus importantes de l’ONU dans le monde et la plus meurtrière pour ses casques bleus, dont 154 ont été tués par des « actes hostiles ». Composée de près de 15 000 militaires et policiers, elle est dotée d’un budget annuel de plus de 1,2 milliard de dollars (1 milliard d’euros).

Une fin au Mali des opérations « Barkhane » et « Takuba », sous la pression de la junte au pouvoir à Bamako qui veut privilégier une coopération avec la Russie, pourrait entraîner des départs à moyen terme de contingents européens (Angleterre, Allemagne, notamment) qui contribuent jusqu’à présent à la Minusma, selon des diplomates.

« L’arrivée du groupe [paramilitaire russe] Wagner couplée à un retrait de Barkhane mettra probablement nos troupes en danger », estime un diplomate occidental dont le pays fournit des militaires à la Minusma. « La sécurité de nos troupes et, par conséquent, leur capacité à opérer, sont essentielles », ajoute cette source sous couvert de l’anonymat, en confirmant à l’AFP le lancement de discussions à New York.

« Dépendance évidente »

« Le retrait de Barkhaneva avoir un impact sur la Minusma et sur la force G5 Sahel », abonde un ambassadeur africain à l’ONU, demandant aussi à ne pas être identifié. Selon lui, « il y a des missions conjointes entre Barkhane et Minusma ».

Pour l’Allemagne, le sort de ses 1 100 casques bleus autorisés au Mali (actuellement au nombre de 539, selon l’ONU) sera décidé en mai par le Parlement. La participation du Royaume-Uni, qui avait consacré un retour de Londres dans les opérations de paix onusiennes après une longue absence, est de 300 casques bleus possibles (dont 255 sur le terrain actuellement).

Mardi, la ministre allemande de la défense, Christine Lambrecht, a souligné que le report des élections au Mali, initialement prévues le 27 février, privait son pays « de base pour (son) engagement » militaire au Mali. Elle a rejeté toute coopération avec les Russes.

Il y a une « dépendance évidente » de la Minusma à l’égard de « Barkhane », résume Ornella Moderan, cheffe pour le Sahel de l’Institut d’études de sécurité (ISS), basée à Bamako. « Certains contingents européens sont présents parce que Barkhane est là ». « Avec le départ des soldats français, est-ce que les Allemands, les Anglais ou les Suédois resteront ? », s’interroge l’experte.

Les forces françaises apportent à la Minusma un appui aérien avec des avions de chasse et des hélicoptères d’attaque, et un soutien dans le domaine médical, avec notamment un hôpital bien équipé à Gao (nord).

Selon un diplomate, s’exprimant aussi sous couvert d’anonymat, la France a promis de poursuivre à court terme son soutien aux contingents de la Minusma, notamment européens. Reste à savoir ce que la junte, brouillée avec Paris, voudra bien accepter, ajoute-t-il.

« Rôle indispensable »

L’échéance du mandat annuel de la mission Minusma est le 30 juin. Ancienne puissance coloniale, la France est chargée à l’ONU de rédiger les résolutions du Conseil de sécurité sur le Mali, notamment sur les sanctions et sur l’extension du mandat des casques bleus.

A la question de savoir si le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, est favorable à une prolongation de la Minusma après juin, son porte-parole, Stéphane Dujarric, a répondu mercredi qu’il était clair pour lui que « la Minusma joue un rôle indispensable pour la consolidation de la paix ». La mission aide « les autorités à empêcher des attaques terroristes, à protéger les civils » et encourage « les responsables du Mali à achever la transition politique dans un délai raisonnable », a-t-il fait valoir.

Interrogée par l’AFP sur l’avenir de la Minusma amputée éventuellement de ses contingents européens les mieux affûtés, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, est restée évasive. « Les développements au Mali détermineront les délibérations du Conseil de sécurité des Nations unies sur le mandat de la Minusma avant son expiration en juin », a-t-elle dit, en appelant la junte « à prendre des mesures » pour faciliter l’assistance à la sécurité du peuple malien.

Si des contingents européens quittent la Minusma, d’autres pays comme la Chine pourraient proposer des troupes de remplacement, estiment des diplomates. Pékin compte aujourd’hui 422 casques bleus au Mali.

Le Monde avec AFP

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