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Crise en Ukraine : Washington accuse la Russie d’avoir déployé des milliers de soldats supplémentaires

Image satellite diffusée par Maxar Technologies montrant des équipements militaires, au lac Donuzlav, en Crimée, le 15 février 2022. AP

Après une journée où la tension semblait baisser, la partie de poker se poursuit à la frontière ukrainienne. « Hier [mardi], les Russes ont annoncé qu’ils retiraient des troupes de la frontière avec l’Ukraine (…). Nous savons maintenant que c’est faux », a estimé un haut responsable de la Maison Blanche qui a requis l’anonymat, mercredi 16 février, auprès de journalistes.

« En réalité, nous avons désormais confirmé que, ces derniers jours, la Russie a augmenté sa présence le long de la frontière ukrainienne ajoutant jusqu’à 7 000 militaires, dont certains arrivés aujourd’hui [mercredi] », a-t-il poursuivi. Selon ce responsable, si la Russie a dit vouloir trouver une solution diplomatique, « ses actions indiquent le contraire ».

Rejoignant les Etats-Unis et l’OTAN, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué ne pas avoir vu de signes de diminution dans la concentration de troupes russes aux frontières, disant avoir simplement constaté de « petites rotations ». Mercredi, il a assisté à d’importants exercices militaires dans l’ouest du pays puis s’est rendu dans l’est, à Marioupol, près de la ligne de front avec les séparatistes prorusses soutenus par Moscou.

Le président Zelensky et des Ukrainiens se sont rassemblés pour célébrer le « Jour de l’unité », à Odessa, le 16 février 2022. EMILIO MORENATTI / AP

« Nous n’avons peur d’aucun pronostic, nous n’avons peur de personne (…) car nous allons nous défendre », a lancé M. Zelensky, vêtu d’une tenue militaire à l’occasion de la « Journée de l’unité » qu’il avait décrétée.

Ballet diplomatique

Tout en multipliant les tractations diplomatiques, Américains et Européens ont prévenu que des sanctions économiques massives étaient prêtes en cas de passage à l’acte de Moscou, qui dément toute volonté d’invasion.

Lors d’un entretien téléphonique mercredi soir, le président américain Joe Biden et le chancelier allemand Olaf Scholz sont tombés d’accord pour dire que « la Russie doit prendre de véritables mesures de désescalade » et « s’attendre à des conséquences extrêmement graves » si elle attaque l’Ukraine, selon un communiqué de Berlin.

En marge de la Conférence sur la sécurité, qui doit se tenir ce week-end à Munich (Allemagne), la vice-présidente américaine Kamala Harris va rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky et s’entretenir avec de nombreux responsables européens, a annoncé, mercredi, la Maison Blanche.

De leur côté, les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept auront, jeudi, des discussions sur l’évolution des tensions autour de l’Ukraine, avant le coup d’envoi d’un sommet entre l’Union européenne et l’Union africaine, à Bruxelles, a annoncé mercredi un porte-parole du Conseil européen.

« Nouvelle normalité en Europe »

L’armée russe avait annoncé, mercredi, la fin d’exercices et le départ de soldats de la péninsule annexée de Crimée, publiant une vidéo affirmant montrer des wagons chargés de matériel militaire quittant la zone de nuit. La Biélorussie a aussi promis, mercredi, que tous les soldats russes déployés sur son territoire dans le cadre de manœuvres quitteraient le pays à la fin prévue de ces exercices, le 20 février.

Capture d’écran d’une vidéo du service de presse du ministère russe de la défense montrant des chars sur des trains quittant la frontière ukrainienne,  le 16 février 2022. AP

Mais, avant les dernières déclarations américaines, l’OTAN disait déjà ne pas voir la désescalade annoncée. « Au contraire, il apparaît que la Russie continue de renforcer sa présence militaire. Elle peut encore envahir l’Ukraine sans préavis, les capacités sont en place », avec plus de 100 000 soldats, avait déclaré plus tôt son secrétaire général, Jens Stoltenberg. Moscou concentre toujours « autant de forces » autour de l’Ukraine, a aussi dit le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian.

Face à cette menace qualifiée de « nouvelle normalité en Europe », l’OTAN a annoncé avoir encore renforcé son dispositif militaire sur son flanc oriental. « Nous avons, de manière défensive, augmenté notre présence à l’est et nous envisageons de l’augmenter encore. La Roumanie est prête à accueillir un groupement tactique, la France est prête à le commander, et plusieurs alliés souhaitent participer à cette force multinationale, mais aucune décision définitive n’a été prise », a précisé M. Stoltenberg.

Alors que la tension s’accroît avec la Russie, des soldats américains arrivent à l’aéroport de Rzeszow-Jasionka, en Pologne, le 16 février 2022. WOJTEK RADWANSKI / AFP

« Pour assurer la défense de tous les Alliés, nous déployons des forces terrestres supplémentaires dans la partie orientale du territoire de l’Alliance, ainsi que des moyens maritimes et aériens supplémentaires (…), et nous avons relevé le niveau de préparation de nos forces », ont aussi expliqué les ministres dans une déclaration commune adoptée à l’unanimité.

Drapeaux ukrainiens déployés

Moscou déplore le rejet par les Occidentaux de ses principales exigences, comme la fin de la politique d’élargissement de l’Alliance, en particulier à l’Ukraine, et le retrait de l’infrastructure militaire de l’OTAN d’Europe de l’Est. De leur côté, les Occidentaux ont proposé des pourparlers sur d’autres sujets, comme le contrôle des armements.

En parallèle des affirmations de retrait partiel de ses troupes, Moscou a ouvert un nouveau front avec un vote du Parlement, mardi, appelant le président russe Vladimir Poutine à reconnaître l’indépendance des territoires séparatistes en Ukraine. Il s’agirait d’une « violation grossière du droit international », a mis en garde mercredi le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken.

Les Etats-Unis rejoignent ainsi l’Union européenne qui avait déjà « condamné fermement », mardi, l’appel de la Douma. Et, à l’instar de Bruxelles, Washington souligne qu’une approbation par le Kremlin de cette résolution « représenterait un rejet global par le gouvernement russe de ses engagements conformes aux accords de Minsk », signés en 2014, sous médiation franco-allemande et prévoyant à terme le retour de ces territoires sous le contrôle de Kiev.

Dans les rues de la capitale ukrainienne, de nombreux drapeaux étaient visibles à l’occasion de la « Journée de l’unité » décrétée par M. Zelensky, qui minimise le risque d’une invasion. Symboliquement, plusieurs Ukrainiens fortunés ont annoncé leur retour dans le pays après un appel du chef de l’Etat. L’homme le plus riche d’Ukraine, l’oligarque Rinat Akhmetov, s’est ainsi rendu à Marioupol lui aussi, y annonçant plus de 1 milliard de dollars (880 millions d’euros) d’investissements pour 2022.

Le Monde avec AFP

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