La Cour des comptes se penche cette année sur le sort réservé à la jeunesse à travers deux chapitres. L’un porte sur le soutien de l’Etat à la vie étudiante durant la crise sanitaire, le second sur le plan « un jeune une solution ». Si le « repas à 1 euro » proposé aux boursiers (août 2020) puis à tous les étudiants (janvier 2021) a correctement « atteint sa cible », les magistrats financiers jugent les aides d’Etat aux étudiants à la fois tardives et inadaptées en termes financiers, et insuffisantes en matière de santé.
Le versement exceptionnel de 150 euros destiné entre autres aux moins de 25 an qui perçoivent les APL et aux étudiants boursiers n’a ainsi été payé qu’en décembre 2020, quand les aides au Danemark ou en Allemagne tombaient dès le mois de juin. Et le soutien psychologique n’a pas suivi la demande puisqu’en six mois, le nombre de psychologues partenaires a augmenté de 9% (à 1.774 professionnels) tandis que le nombre d’étudiants accompagnés a triplé (à 11.872 jeunes). Pire, le dispositif d’aide à la perte d’emploi (forfait de 200 euros) mis en place pourtant rapidement (dès avril 2020) « n’a pas trouvé son public »: alors que les services du ministère de l’Enseignement supérieur avaient estimé à 510.000 le nombre de bénéficiaires potentiels, « seuls 23.429 d’entre eux ont pu finalement recevoir cette aide »! En cause, la complexité de la démarche et les critères d’éligibilité trop stricts.
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Calibrage « approximatif » du plan « Un jeune, une solution »
En réalité, toutes les mesures publiques prises en faveur des étudiants durant la crise sanitaire ne pèsent pas bien lourd. La Cour des comptes les estime, en tout, à 215 millions d’euros en 2020. Une paille au regard des 70,7 milliards d’euros de mesures d’urgence prises par le gouvernement en 2020. Au contraire du plan #1jeune1solution, l’autre instrument d’aide publique à la jeunesse durant la pandémie, également analysé par les juges de la rue Cambon. Lancé en juillet 2020 et initialement doté de 6,5 milliards d’euros, ce plan agglomère une multitude de dispositifs en faveur de l’emploi des jeunes. D’après la Cour, l’enveloppe a même grimpé à 9,7 milliards d’euros alors même que les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous.
D’abord, le calibrage a été « approximatif », puisque fondé sur l’hypothèse d’une diminution du PIB de 12% en 2020, alors que la chute s’est limitée à -7,9% « sans que le dimensionnement du plan ne soit revu ». Dès lors, de nombreux dispositifs n’atteindront pas leurs objectifs, « tant ceux-ci étaient ambitieux ». Très lents au démarrage, le retour des contrats aidés (20.000 Parcours Emploi Compétences Jeunes au lieu des 80.000 visés) et les « Promo 16-18 ans », ces formations promises aux décrocheurs (4.000 au lieu des 30.000), sont particulièrement en retard. Mais même les dispositifs en forte croissance comme les entrées en contrat d’insertion Pacea, ces Parcours contractualisé d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie (au nombre de 288.000 au lieu des 430.000 visés), ou en Garantie jeune qui rémunère un jeune éloigné de l’emploi qui accepte un accompagnement serré (103.000 signés au lieu de 196.000) ne touchent pas leur cible. Cette dernière a en outre vu sa performance se dégrader pendant la crise: « La proportion de jeunes ayant bénéficié de quatre mois d’immersion dans le monde du travail au cours de leur parcours a été presque divisée par deux (de 12,7% à 6%) »…
Satisfecit mou
Et les premières évaluations des mesures les plus massives, comme les aides à l’embauche (990 millions d’euros) et les primes à l’apprentissage (5 milliards), qui exonèrent directement de charges patronales, suggèrent qu’elles n’ont fait que déplacer l’emploi des jeunes. L’explosion du nombre de contrats d’apprentissage par exemple (de 370.000 conventions en 2019 à 526.000 en 2020) s’est accompagnée d’une forte baisse des contrats de professionnalisation. La Cour reconnait toutefois que le solde net des deux systèmes, positif de 70.000 contrats, connait une « croissance soutenue, dans des proportions jamais atteintes ». Elle achève le tour d’horizon sur cette conclusion: « Le taux de chômage des jeunes ne s’est pas aggravé en sortie de crise « , à 20%. Un satisfecit mou accordé par la Cour des comptes, d’ordinaire plus incisive.
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