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L’art au service de la cause LGBT en Corée du Sud

LETTRE DE SÉOUL

Lors de la Gay Pride, à Séoul, le 1er juin 2019. ED JONES / AFP

Le mur de silence dressé par la puissante frange conservatrice de la société sud-coréenne contre toute forme de reconnaissance et de visibilité des minorités LGBT se fissure au gré de touches artistiques, émanant de la K-pop comme des arts traditionnels.

Ces saillies se multiplient dans un pays souvent critiqué pour l’absence de législation contre les discriminations. Les personnes LGBT y vivent, rappelait en décembre 2021 l’organisation Human Rights Watch, en situation de vulnérabilité face « au licenciement, à l’expulsion ou à d’autres formes de harcèlement. Les enfants LGBT se retrouvent très isolés et subissent de mauvais traitements à l’école ».

Profitant d’une scène artistique dynamique et d’une jeunesse plus à l’écoute, des créateurs n’hésitent plus à exposer publiquement leur orientation sexuelle. En ce mois de février, quelques semaines après que le tribunal de Séoul a rejeté une demande d’un couple homosexuel d’obtenir les bénéfices de la sécurité sociale réservés aux couples mariés, la capitale sud-coréenne accueille deux expositions remarquées d’artistes trentenaires revendiquant leur identité queer.

Surmonter sa « haine de soi » en se réincarnant en tigre

Le Studio Concrete, dans l’est de Séoul, accueille une série du peintre Park Grim, titrée Shimhodo-Chosen, qui peut se traduire par « la peinture à la recherche du tigre ». Au service de multiples causes comme celles des LGBT ou du féminisme, le Studio Concrete a été créé par un collectif mené par l’acteur Yoo Ah-in, connu pour ses prises de position en faveur des minorités.

Diplômé d’art bouddhiste de l’université Dongguk, Park Grim traduit avec son projet, lancé en 2018, une volonté de surmonter sa « haine de soi » en se réincarnant en tigre – son personnage virtuel. Ce travail s’inspire d’un genre de la peinture bouddhiste appelé « Shimudo » (« la peinture de la recherche d’un bœuf »), une allégorie des personnes en quête de leur propre nature ou esprit.

Les œuvres de Park Grim se déclinent autour d’un bébé tigre réalisé dans le style pictural de la période Joseon (1392-1910), placé entre les mains du bodhisattva (être sur le chemin de l’Eveil qui pratique les vertus les plus hautes) de la compassion Gwaneum – Avalokitesvara en sanskrit –, dépeint dans le style des peintures de la période Goryeo (918-1392). Avalokitesvara, bodhisattva populaire en Asie orientale, est connu pour son genre fluctuant, au point d’être parfois considéré comme androgyne.

« Plus que de mon appartenance à une minorité sexuelle, ma haine de moi vient de ce que je ne suis pas très séduisant pour les autres gays. Les apparences sont importantes dans cette communauté », a expliqué l’artiste au quotidien conservateur JoongAng.

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