LETTRE DE BRUXELLES
Marek Opiola, en 2015. WIKIMEDIA
Ce n’est tellement pas un sujet que, dans les ambassades auprès de l’Union européenne (UE), personne n’est capable de répondre à la question. Même les diplomates bruxellois parmi les plus chevronnés, qui d’ordinaire maîtrisent toutes les nuances des procédures communautaires, ont séché. Aucun de ceux que l’on a interrogés n’a en effet pu nous dire quand et comment les Vingt-Sept devaient se prononcer sur la proposition de Varsovie de nommer Marek Opiola à la Cour des comptes européenne.
Cet ancien député du parti national conservateur au pouvoir Droit et justice (PiS) est déjà membre de l’institution – chaque Etat membre y a son représentant – mais son mandat expire le 6 mai et le gouvernement de Mateusz Morawiecki souhaite le voir reconduit.
Comme il se doit, le Parlement européen a été consulté et, le 20 janvier, il a massivement rejeté la nomination de Marek Opiola, par 534 voix contre, 151 pour, et 9 abstentions. On pourrait penser l’affaire pliée, mais non ! Car l’avis des eurodéputés n’est que consultatif et… les Etats membres n’en tiennent jamais compte. Il y a donc fort à parier que, cette fois-ci encore, ils passeront outre.
D’ailleurs, l’assemblée législative communautaire s’était déjà opposée, en vain, à la candidature du même Marek Opiola au sein du gendarme des finances communautaires, en décembre 2020, quand la Pologne l’avait intronisé pour succéder à Janusz Wojciechowski, devenu commissaire à l’agriculture quelques mois plus tôt.
Sans même prendre le temps d’en discuter, le 19 janvier 2021, les Vingt-Sept avaient entériné le choix de Varsovie. La question avait en effet été inscrite, ce jour-là, à l’agenda d’un conseil des ministres européens en « point A », après avoir été à l’ordre du jour d’une réunion des ambassadeurs européens auprès de l’UE en « point 1 » – ce qui signifie, dans les deux cas, qu’il s’agit d’un sujet à traiter « sans débat », explique un diplomate.
C’est dire à quel point les Vingt-Sept s’en désintéressent, alors qu’il s’agit de nommer un membre de l’institution qui a pour mission de veiller au bon usage de l’argent communautaire. « Ils considèrent qu’ils n’ont pas leur mot à dire sur les nominations que proposent les gouvernements à la Cour des comptes. Sur cette question, ils ne vont jamais à l’encontre les uns des autres », regrette l’eurodéputé écologiste Daniel Freund (Verts/ALE), qui juge « très frustrant » qu’ils ne tiennent pas compte de l’avis du Parlement européen et ne prennent pas leur décision en ayant à cœur de protéger l’intérêt des citoyens européens.
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