La crise des camionneurs canadiens déborde des frontières nationales du pays : les Etats-unis somment désormais Ottawa de trouver une issue au conflit. Après une première mise en garde de la Maison Blanche, jeudi 10 février, demandant au Canada d’employer « les pouvoirs fédéraux » pour mettre fin au mouvement des camionneurs, le président américain Joe Biden a eu, dès le lendemain, l’occasion de faire part à Justin Trudeau au cours d’un entretien téléphonique, de sa préoccupation et des « conséquences sérieuses » pour les Etats-unis des actions des manifestants à la frontière entre les deux pays. Le premier ministre canadien a convenu avec lui « qu’il fallait que les blocages cessent ».
Les injonctions américaines, inhabituelles, de retour à l’ordre, sont nées des menaces directes que les camionneurs font désormais peser sur l’économie américaine : depuis le 7 février, le mouvement, autoproclamé « convois de la liberté » paralyse la circulation autour de plusieurs postes-frontières, entre le Manitoba et le Dakota du Nord, l’Alberta et le Montana, mais surtout sur le pont Ambassador reliant la ville ontarienne de Windsor à Detroit (Michigan).
Ce pont est le cœur névralgique des échanges commerciaux entre les deux pays, avec l’équivalent chaque jour de plus de 300 millions de dollars (265 millions d’euros) de marchandises échangées, et le nerf de la guerre pour tous les géants de l’automobile installés de chaque côté de la frontière. Le blocus a d’ores et déjà affecté une dizaine d’usines automobiles de Ford, Toyota ou General Motors, qui ont dû ralentir voire stopper, au Canada comme aux Etats-unis, leurs chaînes de productions, faute de pièces à assembler.
Le premier ministre de l’Ontario, le conservateur Doug Ford a été le premier à réagir au coup de pression américain, en déclarant, dès le 11 février au matin, « l’état d’urgence » dans sa province, où se situent le pont Ambassador et la capitale fédérale, Ottawa, paralysée depuis le 29 janvier. Il doit faire adopter très rapidement un décret rendant illégal le fait d’empêcher « la libre circulation des biens et des personnes », sous peine d’amendes allant jusqu’à 100 000 dollars canadiens (70 000 euros) et au risque de se voir infliger jusqu’à un an d’emprisonnement. Quelques heures plus tard, un tribunal de l’Ontario ordonnait à son tour la levée du blocage. En fin de journée, vendredi, une voie de passage avait été temporairement libérée sur le pont Ambassador par les camionneurs ; mais aucune intervention policière n’avait été menée.
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