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Comment, en vingt ans, l’euro a été adopté par les Européens

Sur la tour de la Banque centrale européenne, à Francfort-sur-le-Main (Allemagne), le 30 décembre 2021, est proclamé que « l’euro bâtit des ponts entre les Européens ». DANIEL ROLAND / AFP

A minuit, le 1er janvier 2002, entre champagne et célébrations du réveillon, des gens font la queue devant les distributeurs. Après des siècles d’utilisation du franc, la France – en même temps que onze autres pays – passe à l’euro. On se presse pour toucher les billets pour la première fois, conscients qu’une étape historique vient d’être franchie. Nicole Fontaine, alors présidente du Parlement européen, se fait solennelle : « Le fait que 300 millions d’Européens aient dans leur poche la même monnaie va incontestablement renforcer le sentiment que nous appartenons à une même communauté. Ce sentiment va être très fort pour la citoyenneté européenne. »

La monnaie unique avait officiellement été lancée trois ans plus tôt, mais uniquement au niveau des échanges bancaires et internationaux. En 2002, sa réalité arrive dans les portefeuilles. Dès le 18 février, les francs ne sont plus acceptés dans les magasins. Adieu Saint-Exupéry (50 francs), Cézanne (100 francs) ou Pierre et Marie Curie (500 francs)… Place aux ponts, fenêtres et portes imaginaires des coupures européennes, symboles neutres choisis par les pères de l’euro pour éviter de froisser les susceptibilités nationales.

Vingt ans plus tard, l’euro est étendu à dix-neuf pays, pour une population de 340 millions d’habitants. Huit milliards de billets étaient en circulation en 2002, il y en a désormais 28 milliards, dont la moitié en coupures de 50 euros. De 40 milliards de pièces, on est passé à 140 milliards. Aujourd’hui, la France partage la même monnaie avec l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie ou la Belgique, bien sûr, mais aussi avec les pays baltes (accession entre 2011 et 2015), la Slovaquie (2009) et la Slovénie (2007).

« Un vrai acquis fédéral »

Quel bilan peut-on en tirer ? Pour le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, il est sans appel : « C’est un très grand succès politique européen, aussi bien sur le plan interne que sur le plan international. Le plus grand succès de l’euro, c’est le soutien des citoyens. Il se situe à 79 % des Européens en faveur de la monnaie unique, plus de 80 % en Allemagne, qui était partie très réticente il y a vingt ans. Il n’y a pas beaucoup de décisions politiques et économiques ou de projet collectif qui rassemblent les trois quarts des citoyens. »

Le plaidoyer pro domo d’un gardien du temple n’est bien sûr pas surprenant, mais la plupart des observateurs s’accordent sur le même constat. « Les créateurs de l’euro ont réussi leur pari, estime Théo Verdier, de la Fondation Jean Jaurès, un groupe de réflexion qui vient de publier un rapport sur le sujet. On a un vrai acquis fédéral qui ne sera plus remis en cause. » Il en veut pour preuve les enquêtes d’opinion montrant un soutien croissant à la monnaie unique. En 2007, 47 % des habitants de la zone euro pensaient que la monnaie unique était une bonne chose pour leur pays. En octobre 2021, ils étaient 69 %, selon l’Eurobaromètre, un sondage biannuel réalisé par la Commission européenne.

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