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Présidentielle : les parrainages, une course contre la montre pour les “petits” candidats

Recueillir les 500 parrainages peut s’avérer mission impossible pour les « petits » candidats. Hélène Thouy, Anasse Kazib et Georges Kuzmanovic ont confié leurs difficultés à France 24.

Il est 17 heures, mardi 8 février, et le dernier décompte du Conseil constitutionnel vient de tomber : 84 parrainages pour Anasse Kazib (Révolution permanente), 48 pour Hélène Thouy (Parti animaliste) et 25 pour Georges Kuzmanovic (République souveraine). Leur nom est inconnu du grand public et pourtant, ils sont candidats à l’élection présidentielle. Et pour eux comme pour l’ensemble des candidats issus de petites structures, le premier obstacle à franchir consiste à récolter d’ici au 4 mars les 500 parrainages d’élus nécessaires pour devenir un candidat officiel dans la course à l’Élysée.

« C’est un travail qui est harassant et, surtout, qui nous bloque sur tout le reste, car pendant qu’on est occupé à récolter les parrainages, on n’a pas le temps de faire campagne », regrette Hélène Thouy, la candidate du Parti animaliste, contactée par France 24.

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Son parti a beau s’être implanté dans le paysage politique ces dernières années avec, notamment, 64 000 voix obtenues aux législatives de 2017 – ce qui lui permet d’obtenir un financement public de 90 000 euros par an – et 2,17 % des suffrages exprimés aux européennes de 2019, Hélène Thouy est encore loin des 500 parrainages requis.

« Il y a aujourd’hui 84 % des Français qui déclarent que la cause animale est importante pour eux et 47 % qui disent que les propositions des candidats sur ce sujet pourront influencer leur vote. C’est gigantesque. Mais à cause du système actuel et en particulier de la levée de l’anonymat des parrainages, il est devenu encore plus compliqué pour un petit parti comme le nôtre d’émerger », dénonce la candidate.

Le système des 500 parrainages a été créé pour éviter la multiplication des candidatures et en particulier celles jugées « folkloriques ». La loi du 25 avril 2016 a modifié les règles de collecte de ces parrainages, jusque-là anonymes. Depuis l’élection présidentielle de 2017, l’identité des élus ayant parrainé chaque candidat est ainsi connue en temps réel ou presque – le Conseil constitutionnel publie sur son site Internet la liste des parrainages mise à jour tous les mardis et jeudis.

Or la plupart des candidats qui peinent à obtenir ces 500 parrainages évoquent des pressions subies par les maires pour ne pas accorder leur signature à des « petits » candidats qui pourraient gêner les « gros ».

« On cumule de nombreux handicaps et on épuise nos militants »

« Notre système favorise quatre ou cinq partis institutionnels et ne vise qu’à empêcher l’existence de candidatures qui dérangent. Parce qu’en réalité, les candidats peu sérieux n’essaient même pas d’obtenir leurs parrainages », souligne Anasse Kazib, candidat du parti d’extrême gauche Révolution permanente, contacté par France 24.

« Il est évident qu’il faut un filtre, mais pour des formations plus petites avec moins de moyens, il n’y a pas assez de temps pour recueillir 500 parrainages. Et le fait que les maires doivent eux-mêmes envoyer leur parrainage crée des actes de piraterie de certains candidats. Il y a de nombreux risques d’erreurs. Tout ça est très aléatoire », juge Georges Kuzmanovic, ancien proche de Jean-Luc Mélenchon, qui a fondé en 2019 le parti République souveraine, contacté par France 24.

Pour remporter cette course contre la montre, il faut donc faire preuve d’organisation et de stratégie. Grâce aux données des élections passées, la carte de France des maires les plus pourvoyeurs de parrainages est étudiée. Le profil-type de l’élu le plus susceptible de donner sa signature est établi. Des équipes de bénévoles prêtes à sillonner la France et à frapper à la porte des maires sont mises sur pied.

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« C’est un travail très chronophage qui nécessite beaucoup de ressources humaines sur tout le territoire. On cumule de nombreux handicaps et on épuise nos militants », reconnaît Georges Kuzmanovic.

D’autant que ces trois candidats ne sont pas des professionnels de la politique. Si Georges Kuzmanovic, actuellement au chômage après avoir été licencié en septembre 2021 de l’entreprise Ubisoft, a du temps libre, Anasse Kazib est aiguilleur SNCF à la gare de triage du Bourget et Hélène Thouy est avocate.

« L’élection phare de notre démocratie »

Malgré les difficultés, ils espèrent bien parvenir à atteindre cet objectif des 500 parrainages. Et s’ils ne se font pas d’illusion sur l’issue du scrutin présidentiel ni sur leurs chances de victoire, participer à la campagne officielle leur permettrait de gagner en notoriété et, surtout, de faire avancer leurs idées.

« C’est l’élection phare de notre démocratie, celle où sont débattus les grands dossiers et qui va fixer les grands enjeux des années à venir, souligne Hélène Thouy. Donc pour faire de la défense des animaux un sujet central, il faut être présent à cette élection. L’immense majorité des gens ne nous connaît pas. Or à partir du moment où on bénéficiera du même temps de parole que les autres candidats, notre message gagnera en visibilité. »

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« Je considère qu’il fallait une nouvelle candidature d’extrême gauche qui amène un vent de fraîcheur dans la période actuelle, estime pour sa part Anasse Kazib. Des candidats comme Philippe Poutou (NPA) ou Nathalie Arthaud (LO) ont un discours défaitiste et routinier pour la classe ouvrière. J’apporte un renouveau qui suscite de l’engouement dans mes meetings, notamment chez les jeunes et les abstentionnistes. Seulement les Français ne le savent pas, car les candidats comme moi sont invisibilisés par les médias. »

Depuis 24h les anciens de Génération Identitaire collent et mènent une campagne raciste et islamophobe contre ma venue ce mercredi 9 à la Sorbonne. L’extrême-droite veut empêcher la conférence d’un candidat à la présidentielle, c’est inédit, ne les laissons pas faire ! pic.twitter.com/ikaHN8jYWr

— Anasse Kazib (@AnasseKazib) February 7, 2022

« Il y aura un quatrième tour social à l’automne prochain avec des soulèvements sociaux type Gilets jaunes, mais en beaucoup plus fort, croit savoir Georges Kuzmanovic. Être candidat à la présidentielle peut donc permettre de se faire connaître et de tester le programme qu’on défend, qui reprend la ligne du Conseil national de la résistance, notamment en matière de solidarité. C’est une ligne qui est selon moi majoritaire dans le pays, mais qui a du mal à s’exprimer politiquement. »

L’enjeu est également, pour ces « petits » candidats, de se mettre en position favorable en vue des législatives du mois de juin, dont les résultats conditionneront le financement public des partis pour les cinq années à venir. Marteler son message le temps d’une campagne nationale, participer à des débats télévisés à côté du président sortant, Emmanuel Macron, et de candidates comme Valérie Pécresse ou Marine Le Pen peut donc permettre d’engranger des suffrages en juin. Pour Hélène Thouy, Anasse Kazib et Georges Kuzmanovic, la présidentielle doit servir de coup de projecteur pour leurs idées. Mais encore faut-il parvenir à passer le couperet des 500 parrainages.

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