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Au Brésil, un Rai de lumière face à Jair Bolsonaro

Par Bruno Meyerfeld

Publié aujourd’hui à 00h29

A l’approche de l’entretien, nos interlocuteurs tenaient à nous rassurer : « Vous allez voir, Rai, il est super tranquilao ! » « Tranquille » ? Une expression si brésilienne ! Il en va de la tranquillité d’esprit, de l’apaisement, du contentement, et même de la félicité d’âme. Autant de qualificatifs qui ont toujours bien collé à la personnalité de l’ancien capitaine de la Seleçao et du Paris-Saint-Germain (PSG), tendre colosse à la gentillesse et au calme légendaires. Bref, tranquilao.

« Et alors ! Comment ça va ? », lance-t-il en français, débarquant, tongs blanc et noir aux pieds, dans ses bureaux de Sao Paulo, une jolie maison du quartier chic de Jardins. Il suffit d’un coup d’œil : vingt ans après avoir quitté son cher Paris, Rai a peu changé. Certes, à 55 ans, la crinière de jais s’est éclaircie, mais il a gardé cette même gueule de cinéma, ce même côté Hercule tropical au visage tanné, taillé au burin dans la dure roche nordestine, contrastant avec ce regard calme, doux, décidé. Les traits d’un monarque.

Coca zéro à la main, il nous entraîne vers une pièce située à l’étage de la maisonnée, où trône une table jaune poussin. Dans les couloirs, sont exposés des fragments de son riche parcours : un maillot du PSG, un ballon dédicacé par Pelé, un prix reçu par son ONG Gol de Letra, des flyers de projets en cours, des bouquins de cinéma, des figurines à son effigie, ses propres livres… « Depuis que j’ai arrêté ma carrière, en 2000, j’ai fait tellement de choses ! La vie de footballeur, ça me paraît très loin. Comme si c’était une autre vie… »

« Ambassadeur informel de la France »

C’est bien là le paradoxe Rai : à la fois boulimique et ascète, gueule de catcheur et caractère de yogi. Mille projets menés avec une sérénité olympienne. Et pourtant, en ce début d’année 2021, il y aurait de quoi perdre les nerfs : outre le Covid-19, les bouffonneries mortifères du président Jair Bolsonaro et la crise économique, il y a bien sûr le foot. Depuis 2017, Rai est revenu à ses premiers amours, devenant le directeur sportif du Sao Paulo FC (SPFC), avec de bonnes chances de remporter le championnat national fin février.

Ici, autant qu’à Paris, il fait l’objet d’un culte, lui qui fut capitaine du SPFC durant l’une des périodes les plus glorieuses du club, de 1987 à 1993. Mais ce retour au bercail a un prix : « Avant, j’allais cinq ou six fois par an en France. Le vol Sao Paulo-Paris, c’était mon pont aérien ! Et maintenant, je ne peux plus, je manque de temps », se lamente celui qui, en 2013, fut fait chevalier de la Légion d’honneur et bénéficie de la nationalité française depuis 2016. Deux « récompenses » remises par François Hollande en personne. « Au Brésil, je suis l’ambassadeur informel de la France ! », rigole-t-il, pas peu fier de son statut. Et tant pis si les Français n’ont jamais su prononcer son nom : il ne faut pas dire « Raï », comme le genre musical, mais « Ra-i », en détachant bien le « i ».

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