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L’attaquant sénégalais Sadio Mané lors du match des huitièmes de finale de la Coupe d’Afrique des nations contre le Cap-Vert au stade de Bafoussam, au Cameroun, le 25 janvier 2022. PIUS UTOMI EKPEI / AFP
Peu importe la manière, seule la victoire compte. Les Lions de la Teranga sont en mission sur les terres camerounaises : arracher cette satanée étoile à une Coupe d’Afrique des nations (CAN) qui leur échappe cruellement depuis leur grande première à ce tournoi en 1965. Mercredi 2 février, à 20 heures, le Sénégal affronte, au stade Ahmadou-Ahidjo de Yaoundé, le virevoltant Burkina Faso pour une place en finale.
Peut-être la deuxième d’affilée, la troisième seulement de son histoire (après 2002 et 2019) si les Lions arrivent à terrasser les Etalons. « Maintenant, l’objectif, c’est d’aller jusqu’au bout pour pouvoir gagner ce trophée qui nous tient à cœur », a lancé Sadio Mané, après sa victoire en quarts contre la surprenante Guinée équatoriale (3-1), le 30 janvier. « On n’a jamais été aussi proche, mais il y a l’obstacle burkinabé qui est là. Nous avons espoir que cette étoile viendra et que ce soit au Cameroun, Inch’Allah », a commenté, la veille du match, Aliou Cissé, le sélectionneur, d’un ton serein.
Pour y arriver, le Sénégal, grand favori de ce duel, peut miser sur son guide au sourire éternel : Sadio Mané. Ce joueur a une classe folle, un fair-play déroutant, une délicatesse sur chaque prise de balle, une sensibilité qui se ressent jusqu’aux tribunes. Sa gentillesse ne doit pas faire oublier l’attaquant hors normes qu’il est sur les pelouses, avec ses fulgurances étourdissantes, ses dribbles fougueux, ses tirs renversants.
Sadio Mané, à lui seul, est capable de renverser le destin d’un match mal parti. « Il nous donne le goût du haut niveau parce que, quand on le voit travailler, on se rend compte qu’on ne travaille peut-être pas assez et qu’on devrait s’y mettre aussi », souligne en souriant Joseph Lopy, son coéquipier en sélection nationale.
« Le sorcier du ballon »
Sadio Mané, 29 ans, est l’incarnation du rêve ultime de tout footballeur sénégalais ou du continent : être pro. Et dire qu’il aurait dû devenir imam. Comme son père. Le cuir va devenir sa nouvelle religion avec comme desseins revêtir la tunique d’un prestigieux club de la planète et égaler son idole, un dieu vivant au Sénégal, El Hadji Diouf.
Sadio Mané est né en 1992 dans une très modeste famille de Bambali, un village du sud du Sénégal, au bord du fleuve Casamance. Enfant, il va au champ aider son oncle cultivateur et, même si le tonton n’y croit guère, Sadio lui promet qu’un jour il arrêtera de travailler la terre. Il tiendra parole. Sa famille le pousse à étudier mais, lui, préfère la compagnie des ballons. Et quand il n’en a pas, il part cueillir des pamplemousses pour dribbler avec.
Le garçon est doué : il s’impose comme le meilleur joueur du village au point d’être surnommé « Ballonbuwa », « le sorcier du ballon ». Puis, tout s’enchaîne : centre de formation de Dakar, pro à 19 ans au FC Metz, un passage au Red Bull de Salzbourg, à Southampton pour finir en 2016 à Liverpool avec lequel il remporte la Ligue des champions, la Coupe du monde des clubs ou encore le championnat.
En Angleterre, Anfield Road devient sa nouvelle demeure et les supporteurs des Reds l’acclament dans des chansons à sa gloire. Sur cette pelouse mythique, la star partage l’attaque au côté de l’Egyptien Mohamed Salah qui affrontera, le 3 février, le Cameroun dans l’autre demi-finale. S’ils arrivent à se défaire de leurs adversaires, les deux coéquipiers pourraient se retrouver en finale du tournoi.
« Un exemple à suivre »
Sadio Mané, trait doré dessiné sur sa chevelure, est aussi reconnu pour sa simplicité : il a « été élevé comme ça », dit-il toujours en souriant. Musulman pratiquant, il aide ses proches et son village en y construisant une école et un hôpital. « Il connaît des choses qu’on ne connaît pas forcément. Ça va peut-être vous surprendre, mais c’est quelqu’un de généreux qui partage sans forcément qu’on lui demande, décrit Joseph Lopy. C’est quelqu’un qui a envie de gagner, de tirer l’équipe vers le haut et on le voit sur le terrain. C’est un exemple à suivre. »
Depuis le début de la compétition, les Lions de la Teranga avancent à petits pas mais montent en puissance. Le Sénégal n’arrive pas encore à se lâcher et à développer un football captivant. « Notre équipe est un peu mal jugée parfois », regrette Matar Ba, ministre des sports du Sénégal. Sadio Mané, deux buts et une passe décisive en cinq matchs, devra enfin se libérer pour vaincre le Burkina Faso.
Les Etalons rêvent également de cette finale qui va bien au-delà du sport. Le 24 janvier, leur pays – meurtri pas les attaques djihadistes successives – a connu un coup d’Etat militaire. « Les événements constituent un supplément de motivation pour nous, a assuré le sélectionneur, Kamou Malo. Depuis quelques années, nous sommes confrontés à ce terrorisme qui ne cesse d’endeuiller notre peuple. Notre objectif est de lui donner un brin de sourire. On me demande déjà le trophée, nous aurons à cœur de l’offrir à notre peuple. »
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