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« On n’y arrive plus ! » : les Iraniens manifestent contre la vie chère

Le grand bazar de Téhéran, le 5 septembre 2021. ATTA KENARE / AFP

Fonctionnaires, instituteurs, ouvriers, infirmiers, chauffeurs de bus, juges et même gardiens de prison… En Iran, il ne se passe pas un jour sans que des milliers de personnes se rassemblent sur une place ou devant un bâtiment officiel pour demander la hausse de leur salaire ou de leur pension et l’amélioration de leurs conditions de travail.

Ces derniers jours, retraités du ministère des télécommunications, instituteurs et ouvriers sont encore descendus dans les rues de Téhéran, d’Ardabil (Nord-Ouest), de Kermanchah et Sanandaj (Ouest), de Hamedan (Ouest) ou de Machhad (Nord-Est).

Pour le porte-parole de l’Association syndicale des instituteurs iraniens, Mohammad Habibi, la multiplication des manifestations liées à la situation économique est avant tout due à « l’incompétence des dirigeants, qui s’est ajoutée à la corruption systématique ». « Les politiques régionales [de Téhéran avec ses voisins] ont entraîné les sanctions internationales, qui affectent le quotidien des gens. Une petite couche de la société profite économiquement de la situation, alors que la majorité de la population, notamment les ouvriers et les instituteurs, n’a même pas le minimum pour vivre », explique cet enseignant, joint par WhatsApp à Téhéran.

Depuis le retrait unilatéral des Etats-Unis de l’accord sur le dossier nucléaire iranien, en 2018, sous le mandat de l’ancien président Donald Trump, les sanctions américaines ont été imposées à la République islamique. Depuis, le toman, la monnaie du pays, a perdu 82 % de sa valeur et l’inflation est passée de 30 % à plus de 40 %.

Extrême précarité

Alors que le seuil de pauvreté est fixé aux alentours de 400 euros par mois pour une famille de quatre personnes, plusieurs économistes iraniens, cités par la presse du pays, soutiennent qu’au moins 55 % des 81 millions d’habitants sont dans une situation d’extrême précarité.

Un instituteur en début de carrière touche en moyenne 3,5 millions de tomans par mois (110 euros) et 10 millions de tomans au maximum (320 euros) avant de partir à la retraite. Quant à la hausse annuelle des salaires décidée par l’Etat à la fin de chaque année civile (en mars), elle ne couvre jamais l’augmentation des prix : l’inflation est actuellement de plus de 40 %, en rythme annuel.

A la mi-janvier, les instituteurs se sont rassemblés dans 80 villes iraniennes. Les manifestations précédentes, le 13 décembre 2021, s’étaient déroulées dans 103 villes. A Bouchehr (Sud), des centaines d’enseignants se sont réunis devant le bureau du gouverneur, pour demander que les pensions des retraités soient augmentées au même rythme que les salaires des instituteurs en activité. « Notre situation économique se détériore de jour en jour et les dirigeants n’ont, semble-t-il, aucun plan pour résoudre les problèmes, explique Abdolreza Amanifar, instituteur retraité et ancien syndicaliste. La classe moyenne n’existe presque plus ici. On est en train de toucher le fond. »

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