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La colère paysanne contre la réforme agraire dégénère à New Delhi

Les manifestants ont hissé le drapeau religieux sikh, le Nishan Sahib, au sommet du Fort Rouge, le 26 janvier à New Delhi. Les manifestants ont hissé le drapeau religieux sikh, le Nishan Sahib, au sommet du Fort Rouge, le 26 janvier à New Delhi.

A la mi-journée, mardi 26 janvier, alors que l’Inde célébrait sa fête nationale, des centaines de paysans ont pris d’assaut, quelques heures, le monument le plus emblématique de New Delhi, l’imposant Fort Rouge, l’ancien palais des Grands Moghols, au cœur de la capitale indienne. C’est là que le premier ministre Jawaharlal Nehru, le 15 août 1947, prononça son premier discours après l’indépendance conquise sur les Britanniques.

Comme un ultime pied de nez aux autorités, les manifestants ont hissé le drapeau religieux sikh, le Nishan Sahib. La très grande majorité des paysans indiens qui protestent depuis deux mois aux portes de New Delhi pour s’opposer aux réformes du gouvernement sont en effet des sikhs du Pendjab et de l’Haryana, deux régions agricoles grandes productrices de blé et de riz, les plus concernées par les nouvelles règles sur la commercialisation des produits agricoles.

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La scène est intervenue deux heures après la fin du défilé militaire annuel qui s’est tenu à quelques kilomètres de là, à l’occasion du Jour de la République qui célèbre l’entrée en vigueur de la Constitution indienne, le 26 janvier 1950. Narendra Modi avait assisté, sur la longue avenue menant du palais présidentiel à la porte de l’Inde, au défilé des corps armés suivi d’une parade des régions, des chars représentant, dans une série de tableaux kitsch, la diversité culturelle indienne. Le premier ministre a aussitôt regagné sa résidence. Sur les réseaux sociaux, il a souhaité, sans évoquer la crise paysanne, « à toutes les populations de l’Inde un joyeux Jour de la République ».

Atmosphère de chaos

La capitale a plongé au même moment dans le chaos. Après dix rounds de dialogue infructueux avec le gouvernement, les agriculteurs avaient obtenu de pouvoir défiler sur leurs tracteurs après la parade militaire pour donner un nouvel écho à leur protestation. La police leur avait autorisé trois itinéraires décentrés. Le Samyukt Kisan Morcha, qui regroupe quarante syndicats agricoles, avait promis de s’y tenir. Des colonnes de tracteurs, pavoisés aux couleurs de l’Inde, se sont mises en branle plus tôt que l’horaire prévu, accueillies sur leur passage par des jets de pétales de fleurs et des applaudissements. Mais, dès le milieu de la matinée, des manifestants ont dévié du parcours balisé et forcé les barrages policiers très nombreux aux entrées de la capitale.

L’affrontement n’a pas tardé. Les forces de l’ordre ont répliqué à coups de gaz lacrymogène, de canons à eau et de lathi, ces longs bâtons dont sont équipés les policiers. Les manifestants ont renversé des bus positionnés pour leur obstruer la route, des tracteurs ont foncé sur les cordons de policiers. Une atmosphère de chaos a gagné la ville. Une partie des stations de métro a été fermée et Internet a été coupé pour éviter les échanges entre manifestants.

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