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En Allemagne, un tabou se lève sur la dette et crée un tollé chez certains dirigeants politiques

La chancelière allemande, Angela Merkel, et le ministre des finances, Olaf Scholz, le 20 janvier, à Berlin. La chancelière allemande, Angela Merkel, et le ministre des finances, Olaf Scholz, le 20 janvier, à Berlin.

Il est des sujets, en Allemagne, qui peuvent très vite enflammer le débat politique. Helge Braun, le chef de la chancellerie fédérale, autrement dit le bras droit d’Angela Merkel, en a fait l’expérience, mardi 26 janvier, en appelant à s’affranchir durablement des règles de discipline budgétaire, en vigueur depuis onze ans, pour faire face aux conséquences économiques de l’épidémie de Covid-19.

« Le frein à la dette [dispositif inscrit dans la Constitution en 2009 et qui restreint les déficits publics à 0,35 % du PIB nominal] ne pourra pas être respecté dans les années à venir, même en observant une stricte discipline en matière de dépenses, affirme M. Braun dans une tribune au quotidien économique Handelsblatt. C’est pourquoi il serait judicieux de combiner une stratégie de relance de l’économie allemande avec un amendement à la Loi fondamentale prévoyant un corridor pour de nouveaux emprunts sur une base limitée, et fixant une date précise de retour à la règle concernant la dette. »

De la part d’un responsable de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), parti où l’orthodoxie budgétaire a valeur de dogme quasi intangible, une telle déclaration était pour le moins inattendue. Venant du plus proche collaborateur de Mme Merkel, elle a logiquement fait l’effet d’une petite bombe politique.

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Tout au long de la journée, les principaux dirigeants de la droite allemande se sont relayés pour condamner les propos de M. Braun. A l’instar de Ralph Brinkhaus, le chef des députés conservateurs au Bundestag, qui a déclaré qu’« il n’y a pas de majorité dans le groupe pour modifier la règle constitutionnelle du frein à la dette ». D’Armin Laschet, le nouveau président de la CDU, qui a rappelé, lors de la réunion hebdomadaire du groupe, que, « quand un membre du gouvernement considère qu’il faut changer la Constitution, il devrait se coordonner avec le groupe et le parti ». Ou encore de Markus Söder, le patron de l’Union chrétienne-sociale (CSU), alliée de la CDU en Bavière, qui s’est dit « sceptique » à l’idée d’une « levée durable » du frein à la dette.

« Opinion personnelle »

« Nous sommes dans des temps extraordinaires qui supposent des mesures ponctuelles. Modifier la Constitution, cela voudrait dire que nous changeons durablement le cadre même de notre politique économique, ce qui n’est pas notre volonté, explique au Monde Gunther Krichbaum, le président de la commission des affaires européennes du Bundestag. Le frein à la dette n’empêche pas de redresser l’économie. Au contraire, c’est parce que nous avons mis beaucoup d’argent de côté, ces dernières années, que nous pouvons intervenir massivement aujourd’hui pour faire face aux conséquences économiques de la pandémie », poursuit le député qui, comme nombre de ses collègues, dit avoir été pris de court par la sortie de M. Braun.

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