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RSE : « Les Européens promeuvent des rapports beaucoup plus complets que les Anglo-Saxons »

Tribune. Ce n’est pas le dossier le plus médiatique, mais probablement l’un des plus importants qu’Emmanuel Macron va avoir à traiter ces prochains mois, à la tête du Conseil de l’Union Européenne. Qui, de l’Europe et du monde anglo-saxon, gagnera, et imposera ses normes comptables en matière environnementale et sociale ?

Le sujet peut paraître technique – il n’a pas été abordé dans le discours du président français devant le Parlement européen –, mais les enjeux sont considérables. Les autorités internationales de normalisation comptable, dominées par les Anglo-Saxons, semblent estimer suffisants des rapports de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) annuels qui, en matière environnementale, évaluent uniquement les risques courus par les entreprises : bâtiments potentiellement mis à mal par la sécheresse ou les inondations, augmentation du coût des énergies fossiles…

Les Européens promeuvent pour leur part des rapports beaucoup plus complets, détaillant, certes, l’impact potentiel des changements environnementaux sur le fonctionnement des entreprises mais, aussi, à l’inverse, les conséquences de l’activité des firmes sur l’environnement : quantification chaque année de leurs émissions polluantes, des destructions de ressources naturelles engendrées…

Deux visions opposées du monde

Le débat n’a rien d’abstrait. Ce sont deux visions du monde qui s’opposent pour la seconde fois. En matière de normes comptables, l’Europe a, en effet, déjà perdu une bataille en 2005. Sous pression anglo-saxonne, la présentation des états financiers des grandes entreprises cotées a alors été modifiée afin que ces documents répondent prioritairement aux questionnements des marchés financiers, en tenant peu compte des autres acteurs économiques et sociaux.

Aujourd’hui, de nouveau, les autorités internationales de normalisation comptable visent à satisfaire les demandes des professionnels de la finance, qui désirent connaître les risques environnementaux auxquels sont soumises les entreprises dans lesquelles ils investissent. Mais, dans une période de dérèglement climatique accéléré et de chute drastique de la biodiversité, on imagine à quel point pourrait être précieuse, pour toutes les parties prenantes, la publication régulière d’informations normées et donc comparables, concernant l’impact des entreprises sur l’environnement.

De telles données chiffrées, normalisées, permettraient d’en finir avec le « greenwashing » trop souvent pratiqué, mettant en avant telle ou telle micro-action pour masquer des pratiques écologiques globalement problématiques. Elles rendraient aussi plus crédibles les produits financiers dits « verts », qui attirent de plus en plus les épargnants, sans que l’impact écologique réel des entreprises soutenues soit correctement mesuré.

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