Il « abandonne le navire », « sort par la porte de derrière », « fait passer le parti avant le pays ». Les critiques ont fusé de toute part à l’annonce du départ du ministre espagnol de la santé, Salvador Illa, envoyé en Catalogne comme tête de liste du parti socialiste pour les élections régionales qui doivent s’y tenir le 14 février. Une polémique qui n’est pas sans rappeler la démission, en février 2020, de l’ex-ministre française de la santé, Agnès Buzyn, pour s’engager dans la bataille des élections municipales à Paris alors que la crise sanitaire commençait à déborder les hôpitaux.
Avancée le 30 décembre, mais prenant effet ce mardi 26 janvier, trois jours à peine avant le début de la campagne électorale, le 29 janvier, la décision de Salvador Illa a provoqué un tollé général en Espagne, alors même que la troisième vague frappe durement le pays qui a enregistré, samedi et dimanche, 93 000 nouveaux cas positifs et 767 décès, affichant un taux d’incidence de 420 cas par 100 000 habitants sur une semaine.
Modération et capacité de dialogue
« Il quitte le gouvernement au pire moment, avec un record de contaminations. L’élection lui importe davantage que les vies », a lancé Carolina Telechea, députée de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), parti qui a été l’un des principaux soutiens au gouvernement de gauche depuis le début de la législature, en janvier 2020, et avec lequel les relations se sont tendues à l’approche de la campagne. Même Jaume Asens, le porte-parole d’Unidas Podemos, la gauche radicale liée par une coalition avec les socialistes au gouvernement, a jugé bon d’avertir M. Illa que son refus de se présenter devant le parlement pour dresser un dernier bilan de la pandémie, pourrait aboutir à ce que « beaucoup de gens » pensent qu’il a utilisé son poste « pour ses intérêts et priorités électorales ».
Derrière ces critiques pointe aussi la crainte que la candidature de Salvador Illa, philosophe de formation de 54 ans, ne renverse l’échiquier catalan. Apprécié pour sa modération et sa capacité de dialogue, au point de faire oublier ses erreurs de gestion, il était un parfait inconnu lorsque Pedro Sanchez l’a appelé, en janvier 2020, pour entrer au gouvernement. Sa nomination au ministère de la santé, un poste d’ordinaire peu significatif, puisque les compétences en la matière sont décentralisées, l’ont porté sur le devant de la scène politique du fait de la pandémie. Selon un sondage du Centre de recherche sociologique (CIS) paru le 21 janvier, le Parti socialiste catalan (PSC), jusque-là donné en troisième position dans les enquêtes d’opinion, se positionnerait à présent comme favori pour les élections catalanes, avec 23,9 % des intentions de vote. Les médias évoquent déjà le possible « effet Illa ».
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