France World

« Un échange de territoires entre la Serbie et le Kosovo serait une idée très dangereuse »

L’envoyé spécial de l’UE pour le dialogue entre la Serbie et le Kosovo, Miroslav Lajcak, le 16 juin 2020 à Pristina. L’envoyé spécial de l’UE pour le dialogue entre la Serbie et le Kosovo, Miroslav Lajcak, le 16 juin 2020 à Pristina.

Malgré la pandémie de Covid-19, le repli sur soi et la crise économique, les Balkans occidentaux demeurent un dossier important pour l’Union européenne (UE). Il en va de sa propre crédibilité et de sa sécurité. Envoyé spécial de l’UE pour le dialogue entre la Serbie et le Kosovo, en vue d’une normalisation entre les deux pays, Miroslav Lajcak a répondu aux questions du Monde.

Que change l’arrivée de Joe Biden pour les Balkans et quelles leçons tirez-vous de la médiation américaine ratée, en 2020, entre la Serbie et le Kosovo ?

La première indication avec Biden, ce sont les noms annoncés dans son équipe. Ces responsables ont une histoire, de la mémoire. Ils se sentent tenus par une responsabilité historique, en vertu de l’investissement politique et humain de leur pays dans la région. Je pense notamment à Antony Blinken [secrétaire d’Etat], à Victoria Nuland [sous-secrétaire d’Etat chargée des affaires politiques]. On a travaillé avec eux dans le passé, on connaît leurs opinions.

Le plus important pour moi est la confirmation, de nouveau, du fait que l’unité américano-européenne est un facteur crucial de succès dans les Balkans. On est complémentaire. L’an passé, il y a eu de la confusion autour du processus engagé par Washington, qui était surtout le fait d’une personne [Richard Grenell, envoyé spécial de Donald Trump], pas de l’administration américaine en tant que telle. L’état d’esprit du département d’Etat a toujours consisté à soutenir la position de l’UE dans le rôle de pilote. Mes interlocuteurs régionaux m’ont dit qu’ils ne voulaient pas choisir entre les Etats-Unis et l’Europe.

L’UE a lancé un nouvel effort en juillet 2020, mais s’est heurtée aux problèmes judiciaires du président Hashim Thaci, inculpé pour crimes de guerre…

Oui, nous avons relancé le dialogue après une suspension de vingt mois. Plus que cela, nous avons redéfini le processus. Nous nous sommes mis d’accord avec Pristina et Belgrade sur le fait que nous n’allions pas nous engager dans une série de négociations techniques, mais en faveur d’un accord complet et contraignant. Aucun problème ne doit être laissé de côté, comme cela avait été le cas dans le passé, telles les réclamations financières mutuelles ou les conflits de propriété. D’autres sujets avaient été abordés, mais les discussions n’ont jamais abouti sur une mise en œuvre. Les deux parties savent donc exactement ce que l’on négocie. Nous avons déjà conclu les discussions sur les personnes disparues, les personnes déplacées ou la coopération économique. Mais rien n’est réglé, tant que tout n’est pas réglé.

Il vous reste 58.81% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article « Un échange de territoires entre la Serbie et le Kosovo serait une idée très dangereuse » est apparu en premier sur zimo news.