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Brexit : « Le Royaume-Uni et l’Union européenne vont devoir trouver un équilibre entre compétition et coopération »

Le premier ministre britannique, Boris Johnson, à Manchester (Royaume-Uni), le 2 octobre 2019. Le premier ministre britannique, Boris Johnson, à Manchester (Royaume-Uni), le 2 octobre 2019.

Après le Brexit, le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE) font face au « piège Gore Vidal ». Connu pour son mordant, l’écrivain américain a dit un jour : « Ce n’est pas tout de l’emporter. Il faut que d’autres échouent. » Il existe actuellement une logique politique qui pousse fortement chaque camp à faire de l’échec de l’autre la mesure de son propre succès.

Nous l’avons vu avec les vaccinations anti-Covid-19, lorsque Boris Johnson s’est vanté de ce que le Royaume-Uni avait fait plus que l’ensemble des Etats européens réunis. Le summum de la puérilité ayant été atteint par le ministre de l’éducation, Gavin Williamson, quand il a déclaré « nous sommes un pays bien meilleur que chacun d’entre eux ». Cela étant dit, le « vidalisme » était inclus dans le projet des Brexiters. Après tout, leur idée n’est-elle pas précisément que le pays est « bien mieux dehors » ?

Moins centrale du côté de l’UE – qui a, il faut le dire, d’autres chats à fouetter – cette logique est quand même bien présente, notamment dans les pays où des eurosceptiques forts (comme Marine Le Pen) pourraient au contraire insister sur la réussite du modèle britannique. Elle est en tout cas évidente pour le talentueux secrétaire d’Etat français chargé des affaires européennes, Clément Beaune : la nuit où le Royaume-Uni a définitivement quitté l’UE, il a (justement) fait observer, sur Twitter, que ce pays se punissait lui-même et ajouté qu’« il fallait aussi montrer le prix à payer ».

Presque tout est encore à négocier

Mais les négociations sont terminées, pourriez-vous objecter. Nous avons un accord. Le Brexit est conclu. Eh bien détrompez-vous. Le Royaume-Uni va passer les prochaines années à négocier avec l’UE.

Le gouvernement Johnson avait expliqué que le choix se résumait à devenir comme « l’Australie ou le Canada ». En réalité, nous nous rapprocherons plutôt de la Suisse, qui endure des négociations tatillonnes interminables avec l’UE, ponctuées çà et là par des représailles de Bruxelles. Bien sûr, le Royaume-Uni sera une Suisse en plus grand et avec des missiles nucléaires, mais le dilemme reste fondamentalement le même.

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Londres a négocié un excellent accord sur le commerce des marchandises – excellent pour l’UE en effet. Les voitures allemandes pourront continuer de pénétrer dans le pays, ainsi que d’autres biens manufacturés, quand l’UE a un excédent commercial avec le Royaume-Uni. Pour les 80 % restants de l’économie britannique, faite de services, presque tout est encore à négocier. Cela comprend les services financiers, qui représentent près de 10 % des exportations du Royaume-Uni.

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