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Au Mexique, mobilisation contre les « crimes de presse »

Des photos de journalistes assassinés, lors d’une manifestation, à Mexico, mardi 25 janvier 2022. EDUARDO VERDUGO / AP

Vêtus de noir, en signe de deuil, des centaines de journalistes se sont rassemblés, mardi 25 janvier, à Mexico, après les meurtres sauvages de trois de leurs collègues en moins de deux semaines. La mobilisation, lancée la veille sur les réseaux sociaux, s’est étendue à une quarantaine de villes à travers le Mexique, dans lesquelles les journalistes mobilisés ont crié leur désarroi dans le pays le plus mortifère au monde pour la profession. L’hécatombe révèle les failles des mesures de protection gouvernementales, malgré les promesses sécuritaires du président de centre gauche, Andres Manuel Lopez Obrador, dit « AMLO ».

Un à un, les portraits de leurs collègues assassinés depuis vingt ans ont été projetés sur la façade du ministère de l’intérieur au centre de la capitale. « Nous avons la rage contre un gouvernement qui ne fait rien pour arrêter des crimes de presse qui sont souvent liés à la collusion entre le crime organisé et les élus locaux », peste Temoris Grecko, un des initiateurs de la mobilisation. Cent quarante-huit journalistes mexicains ont été assassinés depuis 2000, dont 28 sous le mandat d’« AMLO » (2018-2024). Celui-ci avait pourtant promis de « protéger la liberté d’expression ».

L’assassinat de Lourdes Maldonado, dimanche 23 janvier, est le meurtre de trop. Cette présentatrice quinquagénaire d’une radio locale a été tuée d’une balle dans la tête au volant de sa voiture devant son domicile à Tijuana, dans le nord du pays. Six jours plus tôt, dans cette ville frontalière avec les Etats-Unis, le photoreporter indépendant Margarito Martinez, 49 ans, subissait le même sort. Le 10 janvier, à Veracruz (sud-est), l’assassinat au couteau de José Luis Gamboa, directeur quinquagénaire d’un site Web local, inaugurait un début d’année tragique.

Protection insuffisante

Au-delà de cet enchaînement glaçant, le cas de Mme Maldonado concentre les maux de la profession. Trois ans plus tôt, la journaliste de renom avait appelé à l’aide « AMLO », lors d’une de ses conférences de presse quotidiennes. « Je crains pour ma vie », avait-elle déclaré, en référence à sa plainte pour licenciement abusif déposée contre la chaîne télévisée régionale Primer Sistema de Noticias (PSN), appartenant à l’ancien gouverneur de Basse-Californie Jaime Bonilla, proche d’« AMLO ». Elle venait de gagner son procès juste avant sa mort. Depuis, M. Bonilla nie toute responsabilité dans les médias. La polémique gronde aussi sur l’inefficacité des mesures de protection dont bénéficiait Mme Maldonado depuis un an. La présence trop sporadique de policiers devant chez elle n’a pas empêché son assassinat.

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