France World

Au Burkina Faso, la lutte sécuritaire met sous pression journalistes et militants

Pour ne rien manquer de l’actualité africaine, inscrivez-vous à la newsletter du « Monde Afrique » depuis ce lien. Chaque samedi à 6 heures, retrouvez une semaine d’actualité et de débats traitée par la rédaction du « Monde Afrique ».

Yacouba Ladji Bama, rédacteur en chef du journal d’investigation « Courrier Confidentiel », le 14 janvier 2021 devant les locaux de la rédaction à Ouagadougou. Yacouba Ladji Bama, rédacteur en chef du journal d’investigation « Courrier Confidentiel », le 14 janvier 2021 devant les locaux de la rédaction à Ouagadougou.

Un bruit étrange, comme un « poc », et la trace d’un impact sur le pare-brise avant de sa voiture. « C’était un tir de balle. Par chance, elle n’a pas traversé la vitre », rapporte le journaliste burkinabé Yacouba Ladji Bama. Ce soir du 10 novembre 2020, le rédacteur en chef du bimensuel d’investigation Courrier Confidentiel prenait la route pour la capitale, Ouagadougou, après avoir coanimé un panel sur la corruption électorale à Dori, dans le nord du pays. Assis à l’avant, côté passager, il a eu le sentiment glaçant d’avoir échappé de peu à la mort.

Depuis, Yacouba Ladji Bama a déposé plainte contre X pour « tentative d’attentat à la vie », mais cherche encore à comprendre. A-t-on voulu l’éliminer ? Et qui ? Il le sait, ses écrits dérangent. Le journaliste est connu pour avoir révélé de nombreux scandales financiers et politiques au sommet du pouvoir. Il y a un an déjà, le 6 janvier 2020, son domicile à Ouagadougou avait été la cible d’une attaque au cocktail Molotov et son véhicule incendié par des individus non identifiés.

Lire aussi « Avant, on ne connaissait pas la faim » : les Burkinabés fragilisés par le djihadisme, le climat et le Covid-19

Les journalistes et les militants au Burkina Faso font face à une pression accrue depuis quelques années. Le pays est pourtant considéré comme l’une des « réussites du continent africain en matière de liberté de la presse » selon l’ONG Reporters sans frontières, qui le classe 38e (sur 180 pays). Mais la lutte antiterroriste menée contre les groupes djihadistes met à rude épreuve la liberté d’informer.

Les fantômes hantent le bureau de Yacouba Ladji Bama. Entre les portraits de Che Guevara et de l’ancien président révolutionnaire Thomas Sankara accrochés au mur, apparaît le visage de Norbert Zongo, le journaliste d’investigation burkinabé assassiné le 13 décembre 1998. Si la chute du régime de Blaise Compaoré en 2014, après vingt-sept ans de règne, a fait souffler un vent de liberté et permis de nombreux acquis démocratiques au Burkina Faso, le rédacteur en chef est de nouveau inquiet.

Intimidation, stigmatisation

En 2020, « au moins six attaques ou intimidations » contre des confrères ont été comptabilisées par l’Association des journalistes du Burkina (AJB). C’est la première fois que cette organisation indépendante enregistre autant de cas depuis l’ère Compaoré.

Il vous reste 65.18% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article Au Burkina Faso, la lutte sécuritaire met sous pression journalistes et militants est apparu en premier sur zimo news.