La présidente élue du Honduras, Xiomara Castro (gauche), pourra-t-elle prendre ses fonctions, comme prévu, jeudi 27 janvier ? Rien n’est moins sûr, alors qu’une grave convulsion politique secoue le pays qui, depuis ce dimanche 23 janvier, compte deux présidents du Congrès. La crise, qui couvait depuis des semaines, a éclaté vendredi, lors de l’élection houleuse du Bureau provisoire du Parlement unicaméral – chargé par la suite de nommer ses présidents et vice-présidents. Une séance qui a viré à la foire d’empoigne.
Le 28 novembre 2021, Xiomara Castro, à la tête d’une coalition de gauche, était devenue la présidente la mieux élue du pays. Son Parti liberté et refondation (Libre) avait obtenu 50 sièges au Congrès (sur 128), et comptait sur son alliance avec le Parti Salvador du Honduras (PSH, gauche), et quelques députés du Parti libéral (PL, centre), pour atteindre la majorité. Pour obtenir ces soutiens essentiels, Libre avait promis au PSH la présidence du Congrès.
C’est cet accord qui a été rompu vendredi, lorsque une vingtaine de députés de Libre – depuis lors expulsés de la formation – ont annoncé qu’ils refuseraient de voter pour le député du PSH Luis Redondo, et qu’ils choisiraient plutôt l’un des leurs, Jorge Calix. « Une trahison contre-révolutionnaire contre le parti et contre le peuple hondurien qui a défait la narco-dictature nationaliste le 28 novembre », s’est indignée Xiomara Castro, en référence au gouvernement du président sortant, Juan Orlando Hernandez (dit « JOH »), soupçonné de liens avec le trafic de drogue et le crime organisé.
Ce dimanche 23 janvier, M. Calix a ainsi été désigné président du Congrès par 79 députés, réunis à l’appel du Bureau provisoire dans un club privé à 30 km de la capitale, Tegucigalpa, par crainte de violences au Parlement. Depuis la veille, le palais législatif était en effet encerclé par des partisans de Libre, venus manifester à l’appel de la présidente élue, elle-même présente.
« Nous sommes au seuil d’un coup d’Etat »
Pendant ce temps, dans l’hémicycle, les députés de Libre et ceux de PSH désignaient Luis Redondo comme président du Congrès, immédiatement reconnu par Xiomara Castro. Qui, de M. Calix ou de M. Redondo, est donc le véritable président du Congrès ? « La présidence de Calix est légale, mais pas légitime, note Otto Argueta, historien et docteur en science politique. Celle de Luis Redondo est légitime, car elle a le soutien de la présidente élue, mais elle n’est pas légale : la séance de vote n’a pas été convoquée par le Bureau provisoire. »
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