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Des soldats burkinabés patrouillent dans la région du Sahel, le 3 mars 2019. LUC GNAGO / REUTERS
Il s’agit de la première attaque du genre au Burkina Faso. Mardi 18 janvier, quatre soldats français ont été blessés, dont un grièvement, dans l’explosion d’un engin explosif improvisé (IED) à la sortie de l’aérodrome de Ouahigouya, dans le nord du Burkina Faso, près de la frontière malienne.
« Le véhicule tout-terrain a explosé sur un IED », a indiqué l’état-major des armées à l’AFP, précisant que le groupe était « en mission de reconnaissance ». Selon nos informations, les soldats étaient venus vérifier « l’état d’un dépôt logistique » appartenant à l’armée française, à la suite d’une attaque terroriste contre l’aérodrome le 13 janvier. Plusieurs bâtiments avaient été saccagés à la dynamite et un des conteneurs français ouvert par les assaillants. « Il ne renfermait que du ravitaillement et de la logistique, rien de sensible », assure une source française, sans préciser ce qui a été emporté par les djihadistes.
Selon une source proche du dossier, deux des blessés ont déjà été rapatriés en France, tandis que les deux autres devaient arriver à Paris mercredi soir. Ces blessés sont les premiers depuis la mort de deux membres du commando Hubert, Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, tués en mai 2019 dans le nord du Burkina Faso, lors d’une opération de libération de plusieurs otages, dont deux Français, enlevés au Bénin quelques jours plus tôt.
Renforcement de la coopération
Officiellement, l’état-major des armées a présenté les blessés comme étant des membres « d’une unité de “Barkhane” », déployée au Mali voisin depuis 2014. Le Burkina Faso héberge toutefois depuis longtemps la « Task Force Sabre », une unité de forces spéciales françaises basée dans la périphérie de Ouagadougou, la capitale, et qui intervient régulièrement en appui des soldats de « Barkhane ». Mais l’état-major ne communique jamais sur leurs actions. Selon nos informations, le dépôt logistique à l’aérodrome de Ouahigouya était utilisé par les deux forces.
L’attaque intervient dans un contexte plus large de renforcement de la coopération militaire française avec l’armée burkinabée, jusqu’ici relativement limitée, contrairement par exemple au Niger voisin. Le 13 décembre, quelque temps après le blocage, pendant près d’une semaine, d’un convoi logistique de « Barkhane » par des manifestants opposés à la présence française au Sahel, le président Roch Marc Christian Kaboré et l’ambassadeur de France au Burkina Faso avaient discuté de ce nouveau cadre destiné à assurer « plus d’efficacité de la réponse militaire face au terrorisme ».
Depuis six ans, les militaires burkinabés peinent à enrayer les attaques djihadistes qui ont fait plus de 2 000 morts dans le pays et forcé plus de 1,5 million de personnes à fuir leur foyer. « L’idée est d’aider les forces nationales à préparer et à monter les opérations, notamment en matière de renseignement, de planification, et en fournissant un appui aérien », confie une source française au Monde. Les contours de cette nouvelle coopération, qui s’inscrit dans la logique de réorganisation de l’opération « Barkhane », demeurent toutefois relativement flous et peu de communication a été faite sur le sujet.
L’étau djihadiste se resserre
Au Burkina Faso, où de plus en plus de voix s’élèvent pour critiquer la politique française au Sahel depuis l’épisode inédit du blocage du convoi, plusieurs organisations ont lancé un appel à manifester samedi 22 janvier dans la capitale, « en soutien au peuple malien » contre les sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), visant la junte militaire au pouvoir.
Pour les autorités burkinabées, qui tentent de calmer la gronde des casernes et la colère populaire face à l’engrenage des violences, le pari d’une coopération renforcée peut sembler risqué. Le 11 janvier, une dizaine de militaires burkinabés et cinq civils ont été arrêtés et accusés de fomenter un coup d’Etat contre M. Kaboré.
Mais sur le terrain, l’étau djihadiste se resserre. Et l’attaque de l’aérodrome de Ouahigouya a encore aggravé l’angoisse des habitants et des humanitaires, qui ont de plus en plus de difficultés à accéder à la zone par la route, à cause de la menace des embuscades et des mines artisanales. « C’est un désastre. L’administration a fui, la population est livrée à elle-même, elle manque de tout et ne peut plus cultiver », souffle un maire de la région, sous couvert de l’anonymat, s’inquiétant d’un risque de « famine ».
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