Il en va de la crise politique comme des sables mouvants : surtout, ne point trop s’agiter, pour ne pas s’enliser davantage. En grande difficulté au terme de la première année de son mandat, Joe Biden n’en tire aucune conclusion dramatique. Pas question de changer d’équipe ou d’orientation. Son objectif immédiat relève de la simple communication de crise : aller à la rencontre des Américains pour les convaincre de la pertinence de ses réformes.
S’exprimant, mercredi 19 janvier, lors d’une conférence de presse, un exercice qu’il ne goûte guère, le président américain est apparu plus maladroit que combatif, sans formules cinglantes. Il s’est même égaré dans des propos ambivalents sur la menace russe contre l’Ukraine, que la Maison Blanche a dû préciser dans la soirée, par communiqué.
Plus étonnant : Joe Biden a feint de découvrir la violence de la politique américaine et sa polarisation incandescente. A onze mois des élections de mi-mandat, les prêches bipartisans sont mis de côté, comme un habit démodé. Le président a choisi de dénoncer l’obstruction systématique de l’opposition républicaine, en soulignant la soumission des élus du « Grand Old Party » (GOP) à Donald Trump.
« Pouviez-vous imaginer un jour qu’un homme plus en fonction puisse intimider un parti entier ? », s’est interrogé Joe Biden. « Ils sont pour quoi, les républicains ? », a-t-il ajouté, appelant l’opposition à se positionner sur la justice fiscale ou l’environnement. Avant de faire cet aveu, d’une candeur rare : « Je n’avais pas anticipé qu’il y aurait un effort aussi vigoureux pour s’assurer que la chose la plus importante soit d’empêcher le président Biden d’accomplir quoi que ce soit. » La Maison Blanche dispose-t-elle d’un abonnement aux chaînes conservatrices Fox News ou Newsmax ? Le président venait de résumer leur ligne éditoriale.
La dépression guette le camp démocrate
« Pouvez-vous me citer un autre président qui ait accompli autant de choses que moi en un an ? » La frustration de Joe Biden est palpable. Malgré la pandémie et un contexte international tourmenté, l’an 1 de son administration aurait dû satisfaire les rangs démocrates. Le chômage est tombé à 3,9 % de la population active, avec 6,4 millions d’emplois créés. En mars 2021, la Maison Blanche a réussi à faire passer l’American Rescue Plan – un stimulus de 1 900 milliards de dollars (1 675 milliards d’euros) pour répondre au Covid-19. Début novembre 2021, ce fut au tour du plan de modernisation des infrastructures (1 200 milliards de dollars) de franchir l’obstacle parlementaire. Ces deux textes ont recueilli un fort assentiment populaire.
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