Publié le : 19/01/2022 – 18:48
Une quatrième dose de Pfizer ou de Moderna augmente le niveau d’anticorps chez les personnes vaccinées, mais le sérum est “moins” efficace contre Omicron, selon un hôpital israélien qui a mené de premiers essais cliniques. Des résultats « pas très encourageants », selon l’épidémiologiste Antoine Flahault.
« L’efficacité de la quatrième injection contre la souche Omicron est faible » : voici l’intitulé du communiqué de presse publié, lundi 17 janvier, par l’hôpital Sheba, près de Tel-Aviv, pour présenter les résultats préliminaires de « la première étude de ce type au monde ». Depuis le début de la campagne de vaccination fin décembre 2020, Israël – qui a été l’un des premiers pays à vacciner massivement ses 9,2 millions d’habitants – fait figure de laboratoire grandeur nature sur l’efficacité des vaccins contre le Covid-19, observé par les autres pays qui ont démarré plus tard leurs campagnes respectives.
Confronté comme de nombreux pays à la menace du variant Omicron, l’État hébreu a décidé, le 14 décembre, de mener une étude, confiée au Sheba Medical Center, « pour examiner les effets d’un 4e vaccin ‘de rappel’ sur le niveau d’anticorps chez 200 volontaires (finalement 274, NDLR) ».
L’étude a d’abord examiné sur une semaine – l’essai clinique doit se prolonger sur six mois – le niveau d’augmentation des anticorps après un quatrième vaccin de deux sociétés différentes (154 soignants avec Pfizer ou 120 volontaires avec Moderna), par rapport à un groupe témoin qui n’a pas reçu de quatrième dose. Résultat : « Les anticorps (des participants ayant reçu une 4e dose, NDLR) ont été multipliés par cinq, ce qui indique que le vaccin fonctionne et offre une protection contre les complications graves », a indiqué l’hôpital à la presse.
Mais lundi, trois semaines après le début des essais cliniques, la professeure Gili Regev-Yochay, qui dirige cette étude, a précisé, dans le communiqué de l’hôpital Sheba, que si l’administration de ces quatrièmes doses permet en effet « d’augmenter le niveau des anticorps », elle n’ »offre qu’une défense partielle contre le virus ». « Les vaccins Pfizer et Moderna, qui étaient plus efficaces contre les autres variants, offrent moins de protection contre Omicron », a aussi ajouté la spécialiste des maladies infectieuses.
« Les premiers retours d’expérience d’Israël ne sont pas très encourageants pour préconiser la quatrième dose de vaccin », admet l’épidémiologiste Antoine Flahault, contacté par France 24. Et de préciser : « La quatrième dose est très débattue sur le plan scientifique pour le moment, y compris en Israël, notamment pour des raisons d’acceptabilité. La population y était beaucoup plus réticente que pour la troisième dose (près de la moitié de la population de l’État hébreu a reçu une troisième injection, NDLR). »
Un rappel utile pour les populations à risque
Concernant la quatrième injection, Israël a priorisé, en décembre, les immunodéprimés puis les personnes âgées de plus de 60 ans et les soignants. Plus de 537 000 Israéliens ont actuellement reçu une quatrième injection, selon les dernières données du ministère de la Santé. Et cela semble être un bon choix pour renforcer l’immunité de ces publics et les prémunir des formes graves. « Bien que le vaccin dont nous disposons aujourd’hui n’offre pas une protection optimale contre l’infection par la souche Omicron », note Gili Regev-Yochay, « il est correct de poursuivre la campagne de vaccination pour les populations à risque. »
Pour la population générale, en revanche, un vaccin élaboré à l’origine pour lutter contre la souche de Wuhan ne semble pas être la solution idoine pour faire face au variant Omicron. « On attend d’un vaccin deux choses : une efficacité humorale et une efficacité à médiation cellulaire », explique Antoine Flahault. « La première concerne le taux d’anticorps, première digue de protection du vaccin. Ce dernier, même s’il est efficace, n’est pas très convaincant aujourd’hui vis-à-vis des nouveaux variants (étant donné qu’Omicron présente un échappement vaccinal, NDLR) et on ne peut probablement pas s’attendre à ce que la quatrième dose change grandement la donne. Quant à l’efficacité à médiation cellulaire – contre les formes sévères de la maladie –, là les vaccins semblent conférer une immunité tout à fait pertinente. »
Des nouveaux vaccins au printemps et à l’été
Plusieurs groupes pharmaceutiques ont indiqué, fin novembre, travailler sur une nouvelle version de vaccin anti-Covid-19 qui serait, cette fois, plus résistant contre le variant Omicron. Début décembre, Pfizer et BioNTech ont précisé, dans un communiqué , prévoir de mettre à disposition ce nouveau vaccin « d’ici le mois de mars au cas où une adaptation serait nécessaire pour augmenter le niveau et la durée de la protection ». Fin décembre, c’est l’entreprise Moderna qui, par la voix de son vice-président, a déclaré sur BFM Business que le laboratoire visait une mise sur le marché de son nouveau sérum « au deuxième trimestre, autour de l’été » 2022.
« C’est très bien que les laboratoires planchent sur ces questions-là, mais il ne faut pas perdre de vue que les décisions doivent être prises par des organismes publics indépendants, par exemple l’OMS et ses comités d’experts », rappelle Antoine Flahault.
Replacer l’organisation onusienne au centre des décisions, comme cela est fait pour le vaccin de la grippe, semblerait finalement une bonne solution pour l’épidémiologiste : « La composition du vaccin contre la grippe est décidée chaque année lors d’une réunion de l’OMS – en février pour l’hémisphère Nord, en septembre pour l’hémisphère Sud – puis recommandée pour tous les fabricants de vaccins de la planète. Peut-être qu’un jour l’organisation onusienne recommandera la composition d’un vaccin contre un coronavirus, mais on n’en est pas encore là. »
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