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A Bamako, place de l’Indépendance, manifestation de soutien au colonel putchiste Assimi Goïta, le 4 juin 2021. AMADOU KEITA / REUTERS
Analyse. Dos à dos. Bamako et Paris sont engagés depuis le second coup d’Etat du colonel Assimi Goïta, le 24 mai 2021, dans une escalade verbale et une succession d’actes posés pouvant conduire à une rupture que chaque camp prétend vouloir éviter. Entre les deux capitales, les frictions sont récurrentes depuis le début de l’intervention militaire française au Mali en janvier 2013. Jamais, pourtant, elles n’ont atteint le niveau actuel.
Comme cela était attendu, les autorités de transition au Mali ont réussi à mobiliser dans le pays, vendredi 14 janvier, plusieurs dizaines de milliers de leurs concitoyens pour dénoncer les sanctions décidées cinq jours plus tôt par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Mais orientée par le pouvoir qui avait aussitôt pointé une mesure instrumentalisée par « des puissances extra-régionales aux desseins inavoués », la colère des manifestants était dirigée contre l’ancienne puissance coloniale bien davantage que contre les présidents de la région, ramenés au rang de simples « messagers ».
L’heure à Bamako est aux discours panafricanistes, aux harangues nationalistes et à la remise en cause des partenariats existants sur fond de présence russe en expansion. Alors que drapeaux russes et portraits de Vladimir Poutine se sont mêlés, vendredi, plus encore que d’habitude, à ceux du Mali et du colonel Goïta, le premier ministre, Choguel Maïga, rhabillé en treillis pour l’occasion, s’est exclamé devant la foule que « dans une certaine mesure, le destin de l’Afrique se joue au Mali aujourd’hui ».
« Le monde contre nous »
Dans un entretien de près de quatre-vingt-dix minutes à l’ORTM, la télévision nationale, le chef du gouvernement a ensuite déclaré vouloir « relire les accords [de défense] déséquilibrés qui font de nous un Etat qui ne peut même pas survoler son territoire sans l’autorisation de la France », avant d’expliquer que « la France monte le monde contre nous » depuis que cette demande de renégociation a été transmise à Paris.
La France n’a pas réagi directement à cette accusation. Mais si une source diplomatique confirme qu’une révision des accords de défense a bien été soumise en décembre 2021, celle-ci, précise-t-elle, ne porte que sur des « points mineurs » qui ne concernent pas le survol de l’espace aérien malien et la France n’aurait en aucun cas les moyens d’interdire aux aéronefs du pays de survoler leur territoire. L’intention de Bamako de prendre ses distances est quoi qu’il en soit affirmée.
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