Publié le : 19/01/2022 – 02:33
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a rejeté, mardi, les accusations selon lesquelles il avait été prévenu de l’organisation d’une fête contraire aux règles contre le Covid à Downing Street en mai 2020. Son ancien conseiller Dominic Cummings l’a accusé de mentir sur Twitter.
Nouvel épisode explosif de la saga du « partygate » qui plonge Boris Johnson dans la pire crise depuis son arrivée au pouvoir à l’été 2019. Le Premier ministre britannique a « catégoriquement » réfuté, mardi 18 janvier, avoir été prévenu de l’organisation d’une fête contraire aux restrictions mises en place contre le Covid-19 à Downing Street le 20 mai 2020, comme l’en accuse son ancien conseiller Dominic Cummings.
Boris Johnson a présenté, la semaine dernière, des excuses au Parlement après des révélations dans la presse sur sa présence à cette fête dans le jardin de sa résidence officielle en plein confinement, affirmant avoir alors pensé qu’il s’agissait d’une réunion de travail.
« Je peux vous dire catégoriquement que personne ne m’a dit qu’il s’agissait de quelque chose qui contrevenait aux règles anti-Covid », a-t-il dit mardi, interrogé à la télévision en marge de la visite d’un hôpital londonien.
Des justifications réfutées par Dominic Cummings. L’influent cerveau de la campagne victorieuse pour le Brexit, qui avait été introduit par Boris Johnson au coeur du pouvoir, a accusé ce dernier sur les réseaux sociaux d’avoir menti.
Les accusations de Cummings
Il a affirmé avoir lui-même mis en garde Boris Johnson avant la tenue de cet événement, pour laquelle son secrétaire particulier avait envoyé une centaine d’invitations. « Le Premier ministre a été prévenu à propos de ces invitations, il savait que c’était un pot, il a menti au Parlement », a écrit sur son compte Twitter celui qui lance régulièrement des attaques contre son ancien chef depuis son départ fin 2020 dans un contexte de luttes intestines.
Dominic Cummings a aussi affirmé que Boris Johnson avait balayé ses inquiétudes quand il lui avait demandé de « reprendre en main cet asile de fous », dans un long récit publié sur son blog. Il s’est dit prêt à le « jurer sous serment ».
Des médias ont rapporté que Dominic Cummings sera entendu dans le cadre de l’enquête interne sur les différentes fêtes à Downing Street menée par Sue Gray, haut fonctionnaire réputée pour son intégrité.
Avant son fracassant départ de Downing Street, Dominic Cummings avait lui-même été pointé du doigt pour avoir contrevenu aux règles anti-Covid au printemps 2020 en effectuant des déplacements avec sa famille en plein confinement, ce qui était interdit.
Des mesures pour sauver son poste
Déjà fragilisé par une multiplication des appels à la démission, même dans les rangs conservateurs, et des sondages désastreux, Boris Johnson joue gros. Interrogé à plusieurs reprises à ce sujet, il a systématiquement éludé, renvoyant aux conclusions attendues prochainement de l’enquête interne.
Mais tromper délibérément le Parlement peut lui coûter son poste. « Le code ministériel est clair à ce propos », a répondu son ministre des Finances Rishi Sunak, perçu comme un potentiel candidat à sa succession. Il a toutefois dit « bien sûr » croire le Premier ministre, appuyant « pleinement » son appel à la « patience » en attendant les résultats de l’enquête interne.
Pour le Parti travailliste, principale formation d’opposition, il n’est en revanche pas opportun d’attendre. Sa numéro deux, Angela Rayner, a appelé le Premier ministre à « dire la vérité » et à « démissionner » plutôt que de « se cacher dernière des enquêtes internes ».
Selon les médias britanniques, Boris Johnson prévoit une série de mesures aux accents populistes surnommées « Opération os à ronger » pour sauver son poste et reconquérir sa base. Parmi elles, le gel de la redevance de la BBC annoncé lundi, mais aussi l’interdiction de l’alcool dans les bureaux de Downing Street et le renvoi de plusieurs de ses collaborateurs, selon le Sunday Times.
Pour regagner le coeur de ses administrés, le Premier ministre pourrait également annoncer mercredi la levée des restrictions liées au Covid, le 26 janvier, en Angleterre.
Avec AFP
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