Elle veut finir ce qu’elle n’a pas pu finir, il y a vingt ans. Ingrid Betancourt, qui a été retenue en otage pendant six ans, quatre mois et neuf jours par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) a annoncé, mardi 18 janvier, à Bogota, qu’elle se présente à l’élection présidentielle en Colombie pour la formation centriste Coalition Centro Esperanza.
« Aujourd’hui, je suis ici pour terminer ce que j’ai commencé avec beaucoup d’entre vous en 2002 », a déclaré Mme Betancourt, lors d’une conférence de presse retransmise sur Internet. « Je suis ici pour revendiquer les droits de 51 millions de Colombiens privés de justice, car nous vivons dans un système conçu pour récompenser les criminels. »
Le scrutin aura lieu les 29 mai et 19 juin. Il s’agira d’élire pour quatre ans le président de la République qui succédera à Iván Duque, lequel n’est pas éligible pour un second mandat, la Constitution colombienne accordant un mandat unique au chef de l’Etat.
Cette annonce intervient près de deux décennies après l’enlèvement de Mme Betancourt par les FARC, alors qu’elle faisait également campagne pour accéder à la présidence du pays, à la tête du parti écologiste Oxígeno Verde, un mouvement qu’elle avait fondé lorsqu’elle était membre du Congrès.
Sa captivité avait pris fin en 2008, grâce à une opération militaire, au cours de laquelle des soldats colombiens déguisés en travailleurs humanitaires avaient libéré Mme Betancourt et plusieurs autres otages des FARC sans tirer une seule balle. Après sa libération, Ingrid Betancourt s’était retirée de la vie publique, passant la plupart de son temps avec sa famille, en France.
Les FARC condamnés à indemniser la famille Bettencourt
Jeudi 13 janvier, la justice américaine a condamné l’ancienne rébellion colombienne des FARC à payer 36 millions de dollars en réparation de l’enlèvement d’Ingrid Betancourt. Le fils de cette dernière, Lorenzo, également appelé Lawrence, possède la nationalité américaine ; il avait donc pu déposer plainte aux Etats-Unis, au civil, en juin 2018, contre 14 anciens responsables des Forces armées révolutionnaires de Colombie, au titre d’une loi fédérale antiterroriste (Antiterrorism Act, ATA), reprochant à la rébellion la « violation » de cette législation extraterritoriale.
L’ancienne sénatrice franco-colombienne avait réclamé pendant des années une indemnisation couvrant les dommages psychologiques entraînés par sa longue captivité.
L’accord de paix historique signé en 2016 entre la Colombie et les FARC a transformé la guérilla en parti politique légal et réduit considérablement la violence, même si de nombreux groupes armés continuent de sévir dans le pays, dont des dissidents des FARC ayant repris les armes.
En novembre dernier, le département d’Etat américain avait retiré les FARC de sa liste noire des organisations terroristes étrangères, mais sans changer de position quant aux poursuites judiciaires lancées à l’encontre d’anciens responsables de l’ex-guérilla colombienne.
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