La Russie s’en est prise, lundi 25 janvier, à l’ambassade des Etats-Unis à Moscou ainsi qu’aux grandes entreprises américaines du Web, à la suite des manifestations qui ont réuni samedi des dizaines de milliers de personnes à travers le pays. Ces manifestations, non autorisées et organisées en soutien à l’opposant Alexeï Navalny, emprisonné depuis son retour en Russie le 17 janvier, ont entraîné plus de 3 500 arrestations.
L’ambassade américaine avait appelé samedi ses ressortissants à la prudence en marge de ces rassemblements, précisant les lieux où ils se déroulaient. L’ambassade avait aussi dit soutenir « le droit de tous à manifester pacifiquement et à la libre expression ».
Le Kremlin a reproché aux Etats-Unis « la diffusion par l’ambassade américaine à Moscou, sur son site Internet et sur les réseaux sociaux, de messages soutenant des actions illégales dans plusieurs villes russes », a déclaré la porte-parole de la diplomatie, Maria Zakharova, citée par les agences de presse russes. Elle a également affirmé que le vice-ministre des affaires étrangères, Sergueï Riabkov, avait eu une conversation avec l’ambassadeur américain, John Sullivan, au cours de laquelle « des protestations vigoureuses » avaient été exprimées.
Les réseaux sociaux appelés à censurer des contenus
La diplomatie russe continue par ailleurs de s’en prendre aux grands réseaux sociaux et Mme Zakharova a affirmé que le pays se pencherait sur les actions de ces entreprises que le Kremlin accuse d’interférence et de diffusions de « fausses informations ». « Nous travaillons sérieusement sur la façon dont les plates-formes Internet américaines participent à l’ingérence des Etats-Unis dans nos affaires intérieures », a-t-elle affirmé.
Les réseaux sociaux, notamment Instagram et YouTube mais aussi le chinois TikTok, sont devenus en Russie un espace de contestation où les appels à manifester sont légion. Le gendarme russe des télécommunications (Roskomnadzor) s’était félicité, vendredi, d’avoir fait retirer de TikTok, VKontakte et Instagram des messages « illégaux » « encourageant les mineurs à participer à des manifestations de masse illégales. »
On pouvait ainsi voir sur TikTok la courte vidéo de deux étudiants remplaçant le portrait de Vladmir Poutine trônant dans leur classe par celui d’Alexeï Navany, son principal opposant, ou encore, dans une autre vidéo (retirée entre-temps), une personne grimée en policier arracher son sigle de façon solennelle.
Sauf que Facebook, maison mère d’Instagram, a contredit ces déclarations. Dans un communiqué envoyé au site Gizmodo, Facebook a confirmé avoir reçu des demandes de suppressions de contenus sur Instagram car ils appelaient à manifester, mais l’entreprise dit ne pas avoir modéré ces messages dans la mesure où ils n’enfreignaient pas les règles d’utilisation du réseau social – une information confirmée au Monde par un porte-parole de Facebook.
De son côté, Google, qui détient YouTube, a également exprimé sa surprise devant les déclarations de l’autorité russe. Vendredi, le Roskomnadzor a affirmé avoir obtenu la suppression de 50 % des appels à manifester sur YouTube, mais Google a déclaré dans un communiqué ne pas savoir d’où venaient ces chiffres.
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