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En Italie, une élection présidentielle à l’issue incertaine

Le chef de l’Etat italien, Sergio Mattarella (à gauche), et son président du conseil, Mario Draghi, au palais du Quirinale, à Rome, en février 2021. GUGLIELMO MANGIAPANE / AFP

De la gauche à l’extrême droite en passant par le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), le scrutin présidentiel est le principal sujet de préoccupation des états-majors politiques romains depuis plusieurs mois. Même si l’échéance a rarement été évoquée en public jusqu’à il y a peu, aucune grande décision récente n’a été prise sans en tenir compte.

Le 3 février 2022 prendra fin le mandat du président de la République, Sergio Mattarella, et d’ici cette date, 1 009 grands électeurs (630 députés, 321 sénateurs et 58 délégués des régions) sont appelés à lui trouver un successeur. Le premier tour de scrutin doit se dérouler le 24 janvier et la pression monte, insensiblement. Jour après jour, les dirigeants passés ou actuels multiplient les déclarations cryptiques. Pour l’heure, l’essentiel de la bataille se déroule en coulisse, et les principaux favoris s’expriment à mots couverts, avec un luxe de précautions.

Dans une démocratie parlementaire comme l’Italie, on pourrait tenir le choix d’un chef de l’Etat pour une pure formalité. Rien ne serait plus erroné : chacun sait que, au-delà de cette élection, c’est la survie de l’actuelle coalition gouvernementale qui est en jeu.

Car, si le premier personnage de l’Etat est avant tout investi d’un rôle de représentation, les messages qu’il adresse aux chambres sont lestés d’un poids considérable. Surtout, dans les situations de crise – et celles-ci ne sont pas rares en Italie –, le palais du Quirinal devient subitement le centre de toutes les attentions : c’est en effet le président qui mène les consultations en vue de former un gouvernement, donnant le tempo au gré des besoins.

De plus, le président dispose de l’arme de la dissolution des chambres, dont il suffit souvent d’agiter la menace pour lever bien des blocages. Ainsi les deux derniers occupants du poste, Giorgio Napolitano (2006-2015) et Sergio Mattarella (depuis 2015), se sont-ils retrouvés aux commandes plus souvent qu’à leur tour. « Le Quirinal, c’est une autre dimension. Par le passé, il y a eu quelques chefs de gouvernement étranges, mais pour la présidence, jamais. On n’a élu que des personnes à l’épaisseur politique incontestable », souligne l’historien Miguel Gotor, sénateur de 2013 à 2018 et actuel adjoint à la culture du maire de Rome.

La question Mario Draghi

L’autre caractéristique de ces scrutins est que rien ne s’y passe jamais comme prévu : la chronique des élections présidentielles passées est parsemée d’innombrables coups de théâtre, entre jeux de dupes et offensives de francs-tireurs. Ici, les affiliations partisanes ne sont qu’un facteur parmi d’autres et les vieilles solidarités comme les haines recuites peuvent subitement réapparaître, si bien que les votes sont incertains jusqu’au bout.

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