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PortraitErudit et outrancier, Olavo de Carvalho est le maître à penser de l’extrême droite brésilienne. Grâce aux réseaux sociaux, il a contribué à placer, en 2018, Jair Bolsonaro à la tête du pays. Mais à moins d’un an de la présidentielle, ses « fake news » conspirationnistes ont fini par lasser.
On le disait mort. Ou, au minimum, dans un état critique, voire au stade terminal. Nous sommes début novembre 2021, et Olavo de Carvalho, 74 ans, est au plus mal. Voilà des mois déjà que cet homme, surnommé le « gourou de Jair Bolsonaro » par la presse, est soigné dans un hôpital de São Paulo. Atteint d’une tumeur à l’estomac, souffrant d’insuffisance cardiaque et rénale selon la presse, il serait à l’agonie. Les rumeurs les plus alarmistes circulent. Nombreux estiment qu’il ne passera pas Noël.
Quand, soudain, surprise. Le 16 novembre, tel un phénix, « Olavo » revient du royaume des morts. Une vidéo, tournée dans sa maison de Richmond (Virginie), aux Etats-Unis, le montre certes affaibli, mais bien vivant. « Comment je suis arrivé ici ? C’est une histoire très courte ! (…) J’étais à l’hôpital, et, tout à coup, on m’a proposé un vol, d’ici à quinze minutes. Je n’allais pas laisser passer cette opportunité ! », explique-t-il le plus normalement du monde, un malicieux sourire de victoire sur les lèvres.
En vérité, Olavo de Carvalho aurait décidé de filer à l’anglaise pour échapper à une convocation de la police. Le 10 novembre, son épouse, Roxane, a acheté deux billets pour Miami en toute urgence. Pour plus de discrétion, elle a réglé la somme en liquide. Le décollage a eu lieu trois jours plus tard, depuis Asunción, capitale du Paraguay, que l’essayiste a rejoint en voiture, en évitant les contrôles aux frontières. Le tout sans déclarer sa sortie à l’hôpital, qui a conclu à une « évasion du patient ».
Les olavistes au pouvoir
L’épisode est digne de Bonnie and Clyde. Il vient ajouter un nouveau chapitre à l’histoire de ce personnage haut en couleur, tout à la fois mystérieux et polémique, érudit et vulgaire, conservateur et révolutionnaire. Le patriarche de l’extrême droite brésilienne, qui hante la vie politique et intellectuelle du pays depuis près de trente ans, dispose d’une influence considérable depuis l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro. D’aucuns voient en lui un Steve Bannon, conseiller d’extrême droite de l’ancien président Trump, ou un Patrick Buisson tropical, l’ex-conseiller ultradroitier de Nicolas Sarkozy.
Jair Bolsonaro sait tout ce qu’il lui doit, et en particulier son arrivée au pouvoir. En témoigne une scène toute symbolique, qui s’est déroulée le 28 octobre 2018 au soir. La nuit vient de tomber sur Rio de Janeiro, et avec elle les résultats du second tour de la présidentielle, qui le donne vainqueur avec plus de 55 % des voix. L’instant est historique. Jair Bolsonaro décide de s’adresser à la nation lors d’un live diffusé sur les réseaux sociaux.
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