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L’Ukraine en quête de son premier vaccin contre le Covid-19

Le marché de Kryvyi Rih, en Ukraine, le 17 janvier. L’Ukraine a imposé un confinement national du 8 au 25 janvier. Le marché de Kryvyi Rih, en Ukraine, le 17 janvier. L’Ukraine a imposé un confinement national du 8 au 25 janvier.

Les 42 millions d’Ukrainiens devront encore patienter avant de pouvoir se faire vacciner contre le Covid-19. Contrairement à ses voisins, le pays n’a encore reçu aucun vaccin, malgré des négociations engagées dès l’été dernier avec les laboratoires pharmaceutiques. Alors qu’un troisième confinement s’est achevé lundi 25 janvier, le nombre de contaminations s’est stabilisé (plus d’un million de cas confirmés jusqu’ici), mais le virus a déjà fait plus de 22 600 morts, et l’épidémie pèse lourdement sur le système de santé ukrainien, l’un des plus délabrés d’Europe après des décennies de sous-investissement et de corruption.

Pour cette ancienne République soviétique, qui tente depuis des années de s’éloigner du giron russe pour se tourner vers l’Union européenne, l’enjeu n’est pas seulement sanitaire. « Cette vaccination est étroitement liée à l’Europe. On a très peur d’être rejetés du club des pays civilisés et d’être considérés comme une nation du tiers-monde si on n’est pas vaccinés, alors qu’on a fait beaucoup de réformes ces dernières années », explique Tetyana Ogarkova, coordinatrice du département international de l’ONG Ukraine Crisis Media Center.

Huit millions de doses gratuites

Les discussions avec les producteurs de vaccins s’éternisant, l’Ukraine a intégré le programme Covax, mis sur pied pour aider les pays les plus vulnérables et coordonné par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Huit millions de doses gratuites doivent être livrées en mars. L’Ukraine a également commandé à la Chine près de deux millions de doses de son vaccin, Sinovac, dont les 700 000 premières ne seront livrées que fin février au plus tôt. Mais même après livraison, le pays sera encore loin du compte : moins d’un quart des 21 millions de patients prioritaires pourront être vaccinés, soit moins de 12 % de la population totale.

Flairant l’opportunité, les médias prorusses, aux mains des oligarques, se sont engouffrés dans la brèche. Les pays occidentaux y sont étrillés et le vaccin russe, Spoutnik V, présenté comme une alternative. Au sein du Parlement, Viktor Medvedchuk, le président du parti d’opposition prorusse Pour la vie et ami intime de Vladimir Poutine, est un soutien particulièrement actif. L’oligarque a proposé de produire Spoutnik V en Ukraine. L’entreprise pharmaceutique Biolik, à qui il veut confier sa réalisation, a déjà demandé le feu vert de Kiev.

Spoutnik V, « un outil de propagande »

Sous pression, le gouvernement exclut toutefois de se fournir auprès de la Russie, avec laquelle les relations sont au plus bas depuis l’annexion de la Crimée en 2014 et le soutien aux forces séparatistes dans la guerre du Donbass, dans l’est du pays. « C’est hors de question », affirme au Monde le ministre de la santé, Maksym Stepanov. Non seulement parce que « personne ne peut garantir la fiabilité » de Spoutnik V, les tests cliniques n’étant pas terminés, mais aussi parce que « Moscou l’utilise comme un outil de propagande dans sa guerre hybride » pour étendre son influence.

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