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Israël : Nir Hefetz, communicant mercenaire et témoin-clé du procès de Benyamin Nétanyahou

Nir Hefetz, ancien communicant au service de Benyamin Nétanyahou et de sa famille, à la sortie du tribunal, à Jérusalem, le 16 novembre 2021. JACK GUEZ / AFP

LETTRE DE JÉRUSALEM

Sous peu, Nir Hefetz retombera dans l’anonymat. Depuis trois ans, ce personnage de cinquième rang dans la comédie du pouvoir israélienne se trouve malgré lui sur le devant de la scène. En mars 2018, il a accepté de témoigner en justice contre son ancien maître, l’ex-premier ministre Benyamin Nétanyahou, poursuivi pour abus de confiance, corruption et fraude. Fin décembre 2021, cet ancien journaliste devenu communicant au service de M. Nétanyahou et de sa famille a achevé de comparaître. Au terme de cinq semaines d’audience, la presse est lasse de lui.

Cette semaine, les juges se penchent une dernière fois sur son cas : ils ont entendu, lundi 10 janvier, les policiers qui l’ont interrogé en 2018, et qui l’ont convaincu de témoigner à charge. M. Hefetz a comparé leurs méthodes à celles qu’emploie le Shin Bet (le service de renseignement intérieur) sur les détenus palestiniens des territoires occupés. Il avait été choqué de croiser dans les couloirs du quartier général de la police une femme dont il était proche, convoquée par les enquêteurs, puis son épouse. Les policiers lui avaient assuré que sa famille était « en danger existentiel ». Mardi, l’un d’eux a affirmé aux juges, en partie sous le sceau du secret, que ces procédures n’avaient rien de « spécial ».

Avant que M. Hefetz ne s’efface, il est utile de s’attarder sur ce témoin-clé d’un procès inédit à tous les égards, qui a vu un premier ministre ferrailler contre la justice durant trois ans, jusqu’à sa chute en juin 2021, et qui tiendra encore longtemps occupé M. Nétanyahou, désormais chef de l’opposition. M. Hefetz, 57 ans, double à l’occasion ses petites phrases de regards appuyés, sourire pincé, menton fuyant, aux journalistes qui assistent aux audiences. Il fut l’un des leurs et les méprise – « un gang de gauchistes », dit-il.

Sans opinion politique connue, il admet avoir été un journaliste aux ordres de ses propriétaires : Arnon Mozes, patron du grand quotidien Yedihot Aharonot et ennemi juré de M. Nétanyahou, également poursuivi pour corruption dans ce procès. Puis l’investisseur Nochi Dankner, qui racheta le quotidien Maariv, avant d’être condamné pour blanchiment.

L’obsession des médias de Nétanyahou

M. Hefetz est passé au service de M. Nétanyahou dès 2009, puis de 2014 à 2017. Ex-conseiller, communicant, porteur de messages, il s’étend complaisamment sur l’obsession des médias qui guide, selon lui, M. Nétanyahou. Sur sa « folie du contrôle » de la presse. Sur les heures passées à l’écouter opposer « eux » – la presse ennemie – et « nous » – la droite. Sur ses efforts pour placer des chroniqueurs loyaux dans les quotidiens du pays. Sur ses voyages chez des milliardaires étrangers, que M. Nétanyahou espérait convaincre de créer une Fox News israélienne, ou d’investir dans des médias qui serviraient sa cause : l’Australien Rupert Murdoch, l’Américain Larry Elison, l’homme le plus riche du Royaume-Uni Len Blavatnik (qui a acheté des parts dominantes dans la petite chaîne 13), et Mathias Döpfner, le patron du groupe de presse allemand Axel Springer.

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