La démocratie aux Etats-Unis va-t-elle changer de genre ? Passer du type libéral au type illibéral ? Le premier anniversaire de l’insurrection du 6 janvier 2021 contre le Capitole, siège du Congrès et cœur de la démocratie en Amérique, a flirté avec cette question. Défiés par la Russie et la Chine, les Etats-Unis seraient rongés par « un mal intérieur » peut-être plus préoccupant encore : la régression de leur système de gouvernement.
A 97 ans, Jimmy Carter, le 39e président (1977-1981), prend la plume. Au crépuscule de sa vie sur cette terre, le vieux baptiste n’a pas perdu la foi. Mais « [il a] peur pour la démocratie en Amérique », dit-il. Dans une tribune confiée le 5 janvier au New York Times, il observe un mouvement profond, quelque chose que rien ne semble devoir arrêter. Au fil des ans, la perte de confiance des Américains dans leurs institutions s’accélère. La subtile mécanique de pouvoirs et contre-pouvoirs, caractéristique de la démocratie libérale telle que l’ont voulue les pères fondateurs de l’union américaine, est contestée.
Le 6 janvier 2021, Donald Trump, défait lors du scrutin présidentiel du 3 novembre 2020, convoque ses partisans à Washington, sur le Mall – non pas un temple du shopping, mais l’esplanade gazonnée qui borde la Maison Blanche, le Congrès et la Cour suprême, cette trilogie institutionnelle sacrée de la plus vieille des démocraties occidentales. Un lieu riche en symboles.
Déni de réalité
Depuis des semaines, Trump appelle à cette manifestation. Celle-ci a un objet : intimider le Congrès. Le président vaincu doit quitter la Maison Blanche dans les jours qui suivent. Il veut pourrir la cérémonie de certification, par le législateur, des résultats des élections de novembre 2020 – peut-être même l’empêcher. Devant ses fidèles, il répète les gros bobards qu’il assène depuis des semaines. On lui a volé l’élection, il a gagné, Joe Biden a perdu, les démocrates ont truqué les dépouillements. Il faut marcher sur le Capitole.
On connaît la suite : l’assaut, les élus menacés, le vandalisme – et sept morts. Trois heures durant, Trump regarde (à la télévision), sans réagir. La certification aura lieu. Toutes les instances judiciaires saisies depuis le 3 novembre 2020 ont conclu à la régularité du scrutin. Trump est renvoyé à sa misérable voiturette électrique du golf de Mar-a-Lago, sa propriété hispano-mauresque de Floride.
Le trumpisme n’aurait pas dû survivre à la journée de honte du 6 janvier 2021, qui aurait dû marquer son « chant du cygne », dit la politologue Maya Kandel. Seulement voilà, un an plus tard, observe Jimmy Carter, « les promoteurs du mensonge assurent le contrôle d’un parti politique et attisent la défiance à l’égard de nos institutions ». Résultat : les deux tiers de l’électorat républicain jugent que Joe Biden est un président illégitime.
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