Est-ce un simple avertissement ? Ou le début de la fin ? En mauvaise posture dans les sondages, Jair Bolsonaro a essuyé en fin de semaine dernière une série de manifestations à travers le pays réclamant sa destitution. Celles-ci furent menées par la gauche mais aussi – fait inédit depuis le début de sa présidence – par une partie de la droite.
Un peu partout dans le pays, les deux blocs ont manifesté en ordre dispersé et à deux dates différentes (samedi 23 pour la gauche, dimanche 24 pour la droite). Mais à chaque fois, la forme choisie fut la même, Covid-19 oblige : la « carreata », convoi de voitures parcourant les rues de la ville et réunissant, selon les localités, quelques dizaines à quelques centaines de véhicules.
A Rio, dimanche, comme dans le reste du Brésil, la « caravane de droite » fut d’allure modeste, ne comptant qu’une poignée d’automobiles. L’appel à manifester avait pourtant été lancé par des formations rouées à l’exercice : le Mouvement Brésil libre (MBL) et Vem pra rua (Descends dans la rue). Deux organisations de droite ultralibérales, leaders des rassemblements monstres ayant réclamé avec succès 2016 la destitution de la présidente de gauche Dilma Rousseff.
« Notre déception est immense »
Pour les manifestants de droite, il s’agissait d’un round d’essai et d’une première. « On va monter en puissance et organiser des actions de plus en plus massives », insiste Fabio Gideao, 41 ans, chef d’entreprise, coordinateur local du MBL et organisateur de l’événement. Lui-même en 2018 a voté Jair Bolsonaro aux présidentielles. « A l’époque, on pensait qu’il pouvait changer le Brésil et devenir le meilleur président de notre histoire. Aujourd’hui, notre déception est immense… », lâche-t-il.
En cause : l’absence des « réformes libérales » tant espérées, mais surtout « la gestion totalement incompétente de la crise du Covid-19 », explique Fabio, qui dit avoir perdu deux de ses proches dans la pandémie. « Dilma était au centre d’un système de corruption. Mais Bolsonaro, lui, est responsable de la mort de plus de 200 000 Brésiliens. C’est beaucoup plus grave ! », insiste-t-il.
Slalomant dans les quartiers bourgeois ou classe moyenne d’Ipanema et Copacabana, le petit cortège est applaudi par des passants. Selon un sondage récent de l’institut Datafolha, 40 % des Brésiliens jugent aujourd’hui négativement l’action du président, soit huit points de plus qu’en décembre. Ce dernier est désormais majoritairement rejeté par les classes les plus riches et les plus diplômées : deux groupes marqués à droite qui avaient pourtant largement voté en sa faveur en 2018.
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