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A la City, le dernier des gratte-ciel ?

L’immeuble 22 Bishopsgate à Londres. L’immeuble 22 Bishopsgate à Londres.

Il ne reste plus que le bruit des travaux. Dans les rues désertes de la City en ce troisième confinement anglais, à part quelques bus et camionnettes de livraison, le brouhaha de la foule et des véhicules a disparu, laissant régner en maîtres les marteaux-piqueurs et les bétonneuses. Des ouvriers en gilet fluorescent et grosses chaussures arpentent esseulés ce temple normalement dédié au commerce et à la finance.

Au 22 Bishopsgate, tout près de la banque d’Angleterre, le mastodonte de 278 mètres de haut est presque terminé. La plus haute tour du centre financier londonien (mais pas de Londres) aurait dû recevoir ses premiers occupants en cette fin janvier. Les précautions sanitaires en ont décidé autrement. Les soixante ascenseurs destinés aux soixante-deux étages attendront.

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Mais cette tour, et les autres plus petites en construction aux alentours, se rempliront-elles après la pandémie ? La City, où presque personne ne vit, est l’un des endroits où le télétravail s’est le plus enraciné. En novembre 2020, avant le strict confinement actuel, les Britanniques ayant des emplois de bureau étaient ceux d’Europe qui travaillaient le plus de chez eux, en moyenne 2,7 jours par semaine, contre 2 jours dans les principaux pays du reste du continent, selon Morgan Stanley.

Il faut y ajouter l’hémorragie démographique que connaît Londres. Selon une estimation du Centre d’excellence pour les statistiques économiques (ESCOE), 700 000 personnes auraient quitté la capitale britannique depuis le début de la pandémie, essentiellement des Européens de l’Est travaillant dans la restauration et l’hôtellerie. Enfin, le Brexit vient réduire l’attractivité du centre financier. Les gratte-ciel de la City sont-ils des pyramides offertes à une religion du passé, celle du dieu bureau ?

« Le dernier des dinosaures »

« Cette tour est le dernier des dinosaures, dépassée avant même d’ouvrir », s’agace Peter Rees. L’homme sait de quoi il parle : pendant près de trois décennies, il a été en charge de la planification urbaine de la City. Sous son impulsion, des tours plus hautes les unes que les autres ont été construites, afin de répondre à un manque criant de mètres carrés. Il a quitté son poste peu avant le permis de construire accordé à 22 Bishopsgate. « Je n’ai rien à voir avec cet horrible bâtiment. » L’immeuble, qui ne dépareille pourtant pas tant que ça avec les alentours, est surnommé The Wodge (« le gros bloc ») par ses critiques.

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