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Massacre en Birmanie : « Ils ont été brûlés vifs ! »

Des véhicules incendiés dans le canton de Hpruso, dans l’Etat Kayah (Birmanie). Cette photo, prise et publiée le 25 décembre 2021, a été distribuée par la Force de défense des nationalités karenni (KNDF). HANDOUT / AFP

Quand il est revenu le lendemain sur les lieux du crime, c’était Noël. Et quand « Peter » (le nom a été changé), un Birman catholique d’une quarantaine d’années, a vu ce jour-là ce qu’il nous livre comme témoignage aujourd’hui, il a remercié le ciel d’avoir dû, la veille, alors qu’il était en déplacement dans le coin avec un ami qui le conduisait en voiture, faire un détour pour reprendre un peu plus loin sa moto ; et éviter ainsi, ô miracle, de traverser le village de Moso, terre du carnage.

« Normalement j’aurais dû être à Moso quand les Birmans ont massacré quarante personnes ; Je l’ai échappé belle, grâce à Dieu », dit-il au téléphone depuis le village où il se cache dans l’Etat Kayah – une région de l’est de la Birmanie, le long de la frontière thaïlandaise.

Ce que Peter a vu est indicible et, de l’autre bout du monde, on l’entend avoir du mal à réprimer ses sanglots : « Dans les voitures incendiées, j’ai vu le reste des corps calcinés. » Pour lui, il ne fait pas de doute que les victimes ont « été brûlées vives ». Il se souvient de « leurs mains crispées, levées, agrippées : c’étaient les mains de gens en train de mourir dans les flammes et qui tentaient d’échapper à la fournaise ».

Plusieurs de ses amis ont réchappé de peu à la tuerie : ils ont réussi à faire demi-tour, en ce funeste 24 décembre 2021, quand les soudards de la Tatmadaw – l’armée birmane – ont incendié la demi-douzaine de véhicules de civils chrétiens en route pour aller fêter Noël dans les villages avoisinants. Mais ces mêmes amis ont entendu, de loin, les cris ; ils ont vu la fumée s’élever du lieu du massacre. Ils ont ensuite retrouvé dans les taillis des vêtements de femmes. Parce que ces habits n’étaient pas brûlés, Peter pense que les soldats les ont peut-être dénudées, puis violées avant de les entasser dans les véhicules. Les autres, les hommes, avaient eux aussi été arrêtés dans d’autres voitures qui passaient sur le même chemin.

« Politique de la terre brûlée »

Membre d’une ONG locale venant à l’aide des populations déplacées par les combats entre des guérillas locales et l’armée de la junte qui a pris le pouvoir le 1er février 2021, Peter assure que le bilan de 35 morts initialement annoncé doit être revu à la hausse : « Environ 40 personnes sont mortes, dont trois femmes âgées de 25 à 35 ans, ainsi que deux enfants de 5 et 7 ans. » Tous étaient des civils d’ethnie Karenni (ou Kayah, comme l’Etat qui porte leur nom), dont l’écrasante majorité est de religion chrétienne – y compris une forte minorité de catholiques.

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