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Rencontre controversée du premier ministre cambodgien avec le chef de la junte birmane

Le Premier ministre cambodgien Hun Sen (à gauche), et le chef militaire du Myanmar Min Aung Hlaing à Naypyidaw (Myanmar), le 7 janvier 2022. Photo issue de la télévision nationale du Cambodge (TVK) placée sous la tutelle du ministère cambodgien de l’information. AN KHOUN SAMAUN / AFP

En se rendant en déplacement officiel, vendredi 7 et samedi 8 janvier, à Naypyidaw, à l’invitation du général putschiste Min Aung Hlaing, le premier ministre cambodgien, Hun Sen, est devenu le premier dirigeant étranger à visiter la Birmanie depuis le coup d’Etat du 1er février 2021. Un honneur dont beaucoup, au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), se seraient passés, puisque le Cambodge assume, depuis le 29 décembre 2021, la présidence d’un an de ce groupement de dix pays. D’autant que l’Asean avait exclu Min Aung Hlaing de son sommet du 26 octobre 2021. « C’est de la diplomatie de cow-boy », a tweeté l’APHR (les parlementaires de l’Asean pour les droits de l’homme), le réseau qui regroupe les plus progressistes des actuels et anciens parlementaires des pays de la région et dont les membres ont critiqué une décision « unilatérale » qui torpille les efforts passés.

Stop Hun Sen’s cowboy diplomacy https://t.co/nr1b134537

— ASEANMP (@APHR)

Hun Sen avait annoncé son voyage il y a plusieurs semaines, en précisant qu’il avait lieu dans le cadre des relations bilatérales. Il est accompagné de son ministre des affaires étrangères, Prak Sokhonn, qui est aussi l’envoyé spécial de l’Asean pour la Birmanie. Or, l’ancien émissaire de l’Asean sous la présidence précédente, celle du Brunei, avait toujours refusé de se rendre à Naypyidaw tant que le consensus en cinq points adopté, à Djakarta, en avril 2021, entre Min Aung Hlaing et les neuf autres dirigeants, ne serait pas respecté : en l’occurrence, la cessation des violences et l’accès de l’émissaire de l’Asean à « toutes les parties concernées » – c’est-à-dire, les dirigeants birmans civils emprisonnés depuis le coup d’Etat du 1er février, l’ex-conseillère d’Etat Aung San Suu Kyi et l’ancien président Win Myint, tous deux condamnés, en décembre 2021, à plusieurs années de prison.

La visite de Hun Sen à Naypyidaw a provoqué un flot ininterrompu de critiques, de caricatures et d’invectives sur l’Internet birman et sur sa propre page Facebook. Il s’est entretenu pendant plus de deux heures, vendredi, avec le général birman, qualifié par ses opposants de nouveau « boucher de Naypyidaw ». « La décision de Hun Sen de rencontrer unilatéralement, sans conditions préalables, les dirigeants d’une junte militaire abusive, qui a commis des massacres et des crimes contre l’humanité à l’encontre du peuple du Myanmar, ne fera que conférer à la junte une légitimité internationale mal méritée, tout en démoralisant ceux qui luttent pour rétablir le respect des droits de l’homme et la démocratie dans le pays », a réagi, vendredi, Phil Robertson, le représentant de Human Rights Watch à Bangkok.

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