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Logiciel d’espionnage Pegasus : la Pologne admet l’avoir acheté

Le vice-premier ministre polonais, Jaroslaw Kaczynski, ici à Varsovie en septembre 2020, a reconnu que son pays avait acheté le logiciel d’espionnage israélien Pegasus. AGENCJA GAZETA / VIA REUTERS

Jaroslaw Kaczynski, le chef de Droit et justice (PiS), le parti nationaliste au pouvoir en Pologne, a admis que son pays avait acheté le logiciel d’espionnage israélien Pegasus, selon des extraits d’un entretien publiés vendredi 7 janvier. M. Kaczynski a toutefois rejeté les accusations selon lesquelles Pegasus était utilisé contre l’opposition politique.

Ces accusations concernant l’utilisation de ce logiciel ont secoué la Pologne ces dernières semaines. Le scandale a suscité des comparaisons avec l’enquête sur le scandale Watergate, qui a conduit à la démission du président des Etats-Unis Richard Nixon en 1974.

Installé dans un téléphone mobile, Pegasus permet d’accéder aux messageries et données de l’utilisateur, mais aussi d’activer l’appareil à distance pour capter le son ou l’image. « Il serait mauvais que les services polonais ne disposent pas de ce type d’outil », a déclaré M. Kaczynski, qui est également vice-premier ministre, à l’hebdomadaire Sieci. Interrogé pour savoir si le gouvernement aurait utilisé le logiciel pour espionner l’opposition, M. Kaczynski a assuré que ce programme était « utilisé par les services de lutte contre la criminalité et la corruption dans de nombreux pays ».

« Un glissement autoritaire »

Dans l’interview, qui doit être publiée lundi, il a souligné que toute utilisation de cet outil était « toujours sous le contrôle d’un tribunal et du bureau du procureur ». Il a rejeté en bloc les accusations de l’opposition, les qualifiant de « beaucoup de bruit pour rien ».

Citizen Lab, un laboratoire de surveillance de la cybersécurité dont le siège est au Canada, a confirmé l’utilisation de Pegasus contre trois personnes en Pologne, dont Krzysztof Brejza, sénateur de la principale formation d’opposition, Plate-forme civique (PO), alors qu’il coordonnait sa campagne lors des élections législatives en 2019.

John Scott-Railton, chercheur principal à Citizen Lab, a déclaré plus tôt à l’Agence France-Presse (AFP) que les utilisations détectées de Pegasus n’étaient que « la pointe de l’iceberg » et que son utilisation montrait « un glissement autoritaire » en Pologne. Selon M. Brejza, le piratage de son téléphone a influencé le résultat du scrutin, remporté par le PiS.

Pour M. Kaczynski, l’opposition « a perdu parce qu’elle a perdu ». « Aucun Pegasus, aucun service, aucune information obtenue secrètement, de quelque nature que ce soit, n’a joué le moindre rôle dans la campagne électorale de 2019 », a-t-il affirmé.

Contacté par l’AFP, le propriétaire israélien de Pegasus, NSO Group, a déclaré qu’il n’était vendu qu’« à des organismes légitimes à appliquer de la loi, qui utilisent ces systèmes dans le cadre de mandats afin de lutter contre les criminels, les terroristes et la corruption ».

Le Monde avec AFP

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