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« La priorité pour les démocraties demeure d’évaluer au plus juste la réalité des menaces chinoise et russe »

Alors que la pandémie due au Covid-19 fait toujours rage, les bruits de bottes augmentent, en Asie comme en Europe. Depuis plusieurs mois, la Chine et la Russie jouent les provocations. Moscou amasse des troupes aux frontières de l’Ukraine. Les forces aériennes chinoises ont effectué près de deux cents sorties au large de Taïwan depuis le mois d’octobre 2021, dans la zone d’identification de défense aérienne (ZIDA) de l’île, qu’il ne faut pas confondre avec son espace aérien.

Les deux puissances multiplient les déclarations agressives contre l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), contre l’Occident et contre les « ingérences extérieures ». Mais, derrière ce paravent de menaces, il est essentiel de bien évaluer, pour mieux y répondre d’une manière coordonnée, la nature de ces menaces.

La Russie et la Chine partagent en partie une même culture stratégique asymétrique et léniniste. L’objectif n’est pas d’affronter l’adversaire frontalement, mais de le dissuader d’agir, de l’impressionner et de le diviser. Multiplier les tensions, donner l’impression qu’on est au bord de l’affrontement, pour obtenir des concessions au moindre retrait apparent fait partie de la panoplie de la guerre hybride exploitée à Moscou comme à Pékin.

Avec la Russie, la stratégie de la tension a été suivie par un entretien Biden-Poutine le 7 décembre 2021, puis par la publication des exigences russes, et l’annonce de négociations sur le contrôle des armements et l’Ukraine. Avec la Chine, des échanges approfondis entre Joe Biden et Xi Jinping ont eu lieu pour « éviter un dérapage », alors que tous les jours les risques de guerre dans le détroit de Taïwan étaient brandis.

Déclarations alarmistes

Le point commun, dans les deux cas, est l’exclusion des plus proches alliés des Etats-Unis, en Europe comme en Asie ; un retour à la gestion du monde – sinon à son partage – entre « grands », la capacité de nuisance servant de ticket d’entrée au club. Gonfler la menace militaire sert aussi les intérêts de Washington. En cas de conflit, les Etats-Unis sont en effet les seuls garants de la sécurité et leur prééminence assurée.

Multiplier les tensions, donner l’impression qu’on est au bord de l’affrontement, pour obtenir des concessions au moindre retrait apparent fait partie de la panoplie de la guerre hybride exploitée à Moscou comme à Pékin

Les experts américains et certains officiels ont multiplié les déclarations alarmistes sur la menace chinoise. Le point commun de nombreux rapports est d’insister sur la faiblesse des Etats-Unis, « battus dans tous les cas de figure en 2030 », et le renversement des équilibres stratégiques en Asie. La volonté d’alerter peut être comprise pour provoquer un choc des consciences et une augmentation des moyens. Mais l’exagération de la menace et la multiplication des analyses défaitistes sont également intégrées à la stratégie de pression mise en œuvre par Moscou et par Pékin.

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