France World

Inflation record dans la zone euro: la BCE sous pression

Que va faire la Banque centrale européenne ? Alors que le taux d’inflation dans la zone euro a atteint son plus haut niveau depuis 25 ans en décembre, à 5% sur un an, les experts s’interrogent de plus en plus sur la stratégie monétaire de l’institution de Francfort. Nul doute que les derniers chiffres publiés aujourd’hui par l’office européen des statistiques, Eurostat, accentuent la pression sur la BCE. Alors que les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et l’explosion des coûts de l’énergie ont entraîné la croissance des prix la plus rapide depuis la création de l’euro. En novembre 2021, l’inflation de la zone euro avait déjà battu un record, à 4,9%. Pour le moment, les responsables de la Banque centrale européenne insistent sur le caractère temporaire de la flambée actuelle. Mais certains se demandent si ce discours est encore tenable.      
 

Certes, la BCE a annoncé une réduction progressive des mesures de stimulation économique en place depuis le début de la crise sanitaire. En outre, la présidente Christine Lagarde a déclaré le mois dernier que l’inflation devrait rester élevée à court terme avant de ralentir en 2022 pour s’établir sous l’objectif de 2 %. Elle a précisé qu’un relèvement des taux ne serait pas la bonne réponse à l’actuelle flambée des prix, notamment parce que ses effets ne se feraient sentir que plus tard, lorsque les pressions inflationnistes seraient moindres. S’exprimant cette semaine, alors que les prix à la consommation nationale se sont stabilisés en décembre 2021, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a déclaré que l’inflation dans la zone euro était proche de son pic. Selon lui, les difficultés d’approvisionnement et les effets de l’énergie devraient progressivement s’estomper. Tandis qu’en Allemagne les pressions inflationnistes s’atténuent aussi. Autre bonne nouvelle : une enquête menée le mois dernier par IHS Markit auprès des entreprises montre que les tensions sur les chaînes d’approvisionnement et les pressions sur les coûts s’atténuent, même si les pénuries et si les problèmes de transport pèsent toujours sur les entreprises.

La variable Omicron

Mais- mauvaise nouvelle- la flambée des prix du gaz naturel restent un casse-tête. Ils ont même encore augmenté cette semaine après la réduction des livraisons de la Russie à l’Europe occidentale. De quoi mettre les consommateurs sous pression et forcer les entreprises des secteurs dépendants de l’énergie à réduire leur production. Pour ne rien arranger, la flambée du variant Omicron complexifie les prévisions d’inflation. Les analystes ne sachant pas si les perturbations qu’il provoque vont alimenter la hausse des prix ou avoir l’effet inverse en freinant la reprise économique.

L’incertitude a conduit les responsables de la BCE à préconiser la flexibilité dans leur approche de l’inflation. Le président de la Banque centrale de Lettonie et membre du conseil des gouverneurs de la BCE, Martins Kazaks, a déclaré cette semaine que les responsables de la politique monétaire agiront si les perspectives de prix s’améliorent. Mais le resserrement plus agressif de la politique monétaire par d’autres grandes banques centrales- à commencer par la FED- incite certains membres de la BCE à adopter des positions plus strictes. Difficile de dire aujourd’hui quelle ligne s’imposera lors du conseil des gouverneurs de la BCE prévue le 3 février prochain. D’ici là, « faucons » (partisans du durcissement de la politique monétaire) et « colombes » (militants du statu quo sur les taux d’intérêt) ne devraient pas manquer de faire entendre leurs voix. L’enjeu pour Christine Lagarde est donc d’éviter une cacophonie qui nuirait à la crédibilité de la BCE.   

]

Source

L’article Inflation record dans la zone euro: la BCE sous pression est apparu en premier sur zimo news.