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Tony Blair, distingué par la reine, mal aimé de la population

L’ancien premier ministre britannique, Tony Blair, à Londres le 6 juin 2021. Le 31 décembre 2021, la reine Elizabeth II a décidé de le faire « chevalier compagnon » de l’ordre de la Jarretière. TOLGA AKMEN / AFP

Il a beau avoir réinventé le Parti travailliste, enchaîné deux mandats de premier ministre (1997 à 2007) et rester l’un des commentateurs les plus brillants de la vie politique britannique, Tony Blair continue de susciter un profond rejet dans son pays. La preuve avec cette pétition mise en ligne tout début 2022 sur la plate-forme Change.org, qui a dépassé les 635 000 signatures, mardi 4 janvier, et réclame qu’il ne soit pas nommé « chevalier compagnon » de l’ordre de la Jarretière, la plus ancienne et la plus prestigieuse des décorations britanniques.

Créé le 23 avril 1348, jour de la Saint-Georges par le roi Edouard III, cet ordre de chevalerie à la fameuse devise (« Honi soit qui mal y pense ») est décerné par la reine et ne comprend qu’un nombre extrêmement limité de « compagnons » : 24, en plus de la reine, membre d’office, et de son fils Charles, le prince de Galles. L’ex-premier ministre conservateur John Major a été fait « compagnon chevalier » en 2005. En plus de Tony Blair, Elizabeth II a distingué fin 2021 la diplomate Valerie Amos, secrétaire générale adjointe des Nations unies pour les affaires humanitaires. Elle devrait devenir la quatrième « dame compagnon » (vivante) de l’ordre.

« Compétence de la reine »

A 68 ans, Tony Blair a beau intervenir très régulièrement dans le débat public (en temps que président du Tony Blair Institute for Global Change) et proposer des analyses stimulantes (sur la social-démocratie ou la pandémie), sa décision d’engager son pays dans la guerre d’Irak en 2003, au côté de George W. Bush, ne lui a toujours pas été pardonnée. L’ex-premier ministre s’est toujours défendu, malgré les critiques et enquêtes ultérieures, expliquant avoir agi « de bonne foi » et avoir été guidé « par l’intérêt de son pays ».

« Tony Blair a causé des dommages irréparables au Royaume-Uni et à sa société. Il est personnellement responsable de la mort d’un grand nombre d’innocents (…). Il devrait être tenu responsable de crimes de guerre », affirme la pétition sur Change.org. Sa distinction « est un coup de poing dans la figure » des Afghans et des Irakiens, estime l’activiste Lindsey German de l’association britannique Stop the War Coalition dans les colonnes du quotidien d’extrême gauche Morning Star. Mardi, le porte-parole de Boris Johnson s’est tenu prudemment à l’écart de la polémique, arguant que « c’est un sujet qui relève entièrement de la compétence de la reine ». Cette dernière n’est pas censée consulter Downing Street avant de désigner des « compagnons chevaliers » et est peu susceptible de revenir sur sa décision.

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