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CAN-2022 : Djamel Belmadi, le sélectionneur algérien “plus populaire que le président”

Publié le : 03/01/2022 – 07:12

Depuis son arrivée à la tête de l’Algérie en septembre 2018, Djamel Belmadi a su redresser les Fennecs, au point de leur offrir la victoire à la CAN-2019 et une impressionnante série d’invincibilité de 33 matches. Avant le début de la Coupe d’Afrique au Cameroun, il est au sommet de sa popularité.

Qui peut arrêter aujourd’hui Djamel Belmadi et son équipe d’Algérie ? Avec les Fennecs, le sélectionneur reste sur une impressionnante série de 33 matches consécutifs sans défaite – record africain en cours – avant d’entamer la Coupe d’Afrique, mardi 11 janvier, face à la Sierra Leone.

Sous sa houlette, la sélection algérienne a retrouvé de sa superbe. Car lorsque Djamel Belmadi a débarqué sur le banc en septembre 2018, l’Algérie était au fond du trou. Après leur heure de gloire en huitièmes de finale lors du Mondial-2014, les Fennecs ont plongé dans l’instabilité : il ont connu six entraîneurs en cinq ans et se sont manqués complètement à la CAN-2017, avec une élimination dès le premier tour.

Rigueur et discipline

Djamel Belmadi va remettre de l’ordre : « Il a tout simplement changé l’état d’esprit. Il y avait beaucoup de problèmes de vestiaire avant qu’il arrive. Il a écarté des joueurs qui se pensaient indispensables et renouvelé la sélection avec des joueurs sur lesquels personne ne misait », explique Mehdi Dahak, directeur de publication de DZfoot, site spécialisé dans l’actualité du football algérien, joint par France 24. « Djamel Benlamri est devenu indiscutable en charnière centrale. Youcef Belaïli a eu des incidents de parcours dans sa carrière mais il est aujourd’hui le moteur offensif de l’équipe. Riyad Mahrez peut marquer à tout moment mais c’est Belaïli le moteur. »

Les sélectionneurs locaux de la CAN-2022

(1/6) Djamel Belmadi, le sélectionneur algérien « plus populaire que le président »

(2/6) Aliou Cissé « sous pression » pour ouvrir le palmarès du Sénégal

(3/6) Mondher Kebaier, à la tête d’une sélection tunisienne « trop grande pour lui » ?

(4/6) Wubetu Abate, une star locale pour créer la surprise avec l’Éthiopie

(5/6) Amir Abdou, l’étincelle de la première coupe d’Afrique des Comores

(6/6) Mohamed Magassouba, un intérim qui dure à la tête du Mali

 

Très vite, Djamel Belmadi, ancien joueur du PSG et de l’OM, affiche ses principes : rigueur, franc-parler, discipline. Il demande un engagement fort de ses joueurs pour les Fennecs, à l’image du sien au début des années 2000.

« Il avait fait un choix très fort en optant pour l’Algérie. À l’époque, peu de joueurs franco-algériens choisissaient les Fennecs. Les relations entre la Confédération africaine de football (CAF), les clubs, les joueurs et les sélections étaient encore pire que maintenant. Il faisait partie des rares joueurs à se ‘sacrifier’ pour la sélection », se remémore Mehdi Dahak. « Aujourd’hui en tant que sélectionneur, il demande la même chose à ses joueurs. Il n’y a pas de demi-choix. C’est pour cela que quand Andy Delort demande à être exempté de la CAN, cela ne passe pas. »

Djamel Belmadi était en effet monté au créneau de manière virulente lorsqu’Andy Delort, néo-attaquant de Nice, lui avait confié vouloir mettre entre parenthèses la sélection des Fennecs pendant un an pour se consacrer à son nouveau club. 

Il fait ses armes au Qatar

Natif de Champigny-sur-Marne, en région parisienne, Djamel Belmadi a été formé au PSG avant de rejoindre pour plusieurs années l’OM. Il a également évolué dans d’autres championnats comme l’Espagne et l’Angleterre, où il a joué à Manchester City, mais aussi au Qatar. « C’est un milieu offensif, technique, aimant provoquer balle au pied. C’est un peu le prototype du joueur maghrébin. Un vrai joueur de ballon », résume Mehdi Dahak. Deux coups de sang en mars 2001 lui ont également forgé une réputation de mauvais caractère. Lors d’une lourde défaite face à l’Égypte, il jette son maillot algérien, goûtant peu au fait d’être remplacé. Rebelote, une semaine plus tard au Vélodrome : lassé par les insultes du public qui vit mal de voir son équipe lutter pour le maintien, il jette ses chaussures aux spectateurs.

Reconverti en entraîneur à la fin de sa carrière de footballeur, Djamel Belmadi fait ses armes au Qatar. Il a d’abord entraîné Al-Duhail (ex-Lekhwiya) puis gravi les échelons pour la sélection nationale de l’émirat gazier en 2014. Il s’assagit un peu sur le banc de touche : « Il est très amical avec ses joueurs en dehors du terrain mais une fois sur la pelouse, il n’y a plus d’amitiés », souffle Mehdi Dahak.

« Il est professionnel et exigeant. Il ne laisse rien passer. Il faut que les questions soient précises, sinon ça ne lui plaît pas. Il s’est un peu calmé par rapport à ses débuts mais il faut reconnaître qu’en posant ces bases dès le départ, il a calmé les ardeurs », raconte le directeur de publication de DZfoot.

« Il y a une très grosse attente autour de l’Algérie »

Il faut admettre que ses méthodes marchent. Sous sa houlette, l’Algérie se qualifie pour la CAN en Égypte et remporte la compétition pour la deuxième fois de son histoire, 29 ans après le sacre de 1990. En finale, hasard du destin, il défait le Sénégal de son ami d’enfance Aliou Cissé – les deux hommes ont grandi à Champigny-sur-Marne. Il est sacré entraîneur masculin cette année-là.

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Depuis, l’Algérie continue sa route. Elle s’est qualifiée pour le 3e tour des éliminatoires pour le Mondial-2022 au Qatar. « Le véritable objectif de Djamel Belmadi », souligne Mehdi Dahak. Elle est surtout invaincue depuis 33 matches, au moment de débuter la compétition au Cameroun.

« Tout lui réussit, donc on ne peut pas aller contre son discours. Aujourd’hui en Algérie, il est plus populaire que le président de la République », note le directeur de publication de DZfoot. Le sélectionneur algérien a d’ailleurs soutenu le Hirak, le mouvement de contestation algérien réclamant un changement de régime.

De quoi espérer le doublé en Coupe d’Afrique ? « On est sur une dynamique incroyable mais ça peut être à double tranchant. Il y a une très grosse attente », note Mehdi Dahak. « Au Cameroun, son pire ennemi risque d’être elle-même. C’est difficile d’arriver en favori. » Un statut que Belmadi avait passé la compétition à réfuter en 2019. Aujourd’hui, il ne peut plus se cacher.

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