Pour Renée Watson et sa petite entreprise The Curiosity Box, le Brexit n’a pas été une catastrophe, mais l’origine de mille petites difficultés : paperasserie administrative et augmentation des coûts pour exporter vers l’Union européenne (UE)… « Finalement, on a décidé d’arrêter de vendre dans l’Union européenne. C’était trop compliqué alors qu’on n’y faisait que 10 % de notre chiffre d’affaires. » Cette PME de quatorze employés installée près d’Oxford, qui vend des boîtes de petit chimiste aux écoliers, n’a dû procéder à aucun licenciement et ne va pas s’effondrer à cause de la sortie de l’UE. « Mais ça me rend triste de voir toutes ces difficultés et ces inefficacités qu’on s’est imposées à nous-mêmes. »
Pour David Page, président de The Fulham Shore, qui possède 75 restaurants, le Brexit n’a pas été une catastrophe non plus. « Mais on est maintenant dans une bataille permanente pour trouver des salariés », témoigne l’entrepreneur. Comme partout ailleurs, la pandémie a provoqué une pénurie de main-d’œuvre dans la restauration. « Mais elle est aggravée par le Brexit, des milliers d’Européens étant rentrés chez eux, en France, en Espagne ou en Grèce… », explique-t-il.
« Comme prévu »
Un an après l’entrée en vigueur effective du Brexit – le Royaume-Uni est sorti du marché unique le 1er janvier 2021 – l’économie britannique est victime d’un lent effritement. Avec la pandémie, qui a perturbé le commerce mondial, il est difficile d’en mesurer précisément l’impact. Pour contourner la difficulté, John Springford, du groupe de réflexion Centre for European Reform, a comparé l’évolution du commerce d’un groupe de 22 pays avec celle du Royaume-Uni. Jusqu’à fin 2020, elles étaient corrélées. Mais depuis le 1er janvier 2021, l’écart se creuse : le commerce britannique a perdu entre 11 % et 16 % par rapport à l’échantillon comparatif.
« En grande partie, cela se passe comme prévu par les économistes : il est devenu un peu plus difficile pour le Royaume-Uni de commercer avec l’UE », constate Sam Lowe, expert en questions commerciales à Flint, un groupe de consultants. « 15 % de commerce en moins, ça va progressivement se sentir dans les chiffres de la croissance, estime Douglas McWilliams, qui dirige le Centre for Business and Economics Research, une entreprise d’études économiques. Ça correspond à peu près à la perte de 3 % ou 4 % de PIB sur le long terme qui avait été anticipée. »
L’économiste, qui a voté pour le Brexit en 2016 mais a toujours estimé que « cela aurait un coût » souligne cependant que tout cela n’est guère visible : « 3 % à 4 % de PIB perdus sur dix ans, personne ne s’en rendra vraiment compte au quotidien. »
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