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En Grèce, migrants et passeurs empruntent des routes plus périlleuses

Le pape François rencontre des migrants lors de sa visite dans le camp de réfugiés de Karatepe, sur l’île de Lesbos, le 5 décembre 2021. ALESSANDRA TARANTINO / AP

Deux corps inanimés ont été retrouvés en pleine mer, mercredi 29 décembre, par les garde-côtes près de Tinos, île de l’archipel des Cyclades. Plusieurs jours après le naufrage d’un voilier survenu le 24 décembre au large de Paros, ces deux hommes d’une trentaine d’années ont été identifiés d’après les témoignages des rescapés comme faisant partie des passagers de ce navire parti de Turquie pour rejoindre directement l’Italie. Au moins 18 demandeurs d’asile – Syriens, Kurdes, Palestiniens – sont morts, mais plusieurs dizaines sont toujours recherchés.

Les 22 et 23 décembre déjà, deux autres incidents au large de l’île de Folegandros et près d’Anticythère, au sud du Péloponnèse, ont conduit à la noyade d’au moins 14 réfugiés. « Alors que les chances de retrouver des survivants sont minces, nous craignons qu’entre 46 et 71 personnes aient perdu la vie durant ces trois naufrages », note l’ONG Mare Liberum. En 2020, 102 exilés ont perdu la vie dans cette zone de la Méditerranée. En 2021, le nombre de disparus devrait être de plus de 80.

Folegandros, Anticythère ou Paros ne sont pas les destinations habituelles des migrants. Mais ces accidents successifs témoignent de la tentative des passeurs de contourner les patrouilles des gardes-côtes grecs et de l’agence européenne Frontex qui encerclent avec efficacité les îles proches de la Turquie comme Lesbos ou Samos. Ils veulent éviter surtout les refoulements, une pratique contraire au droit international qui consiste à ne pas enregistrer les demandeurs d’asile en Grèce et à les renvoyer de force vers les eaux territoriales turques. Entre la Turquie et l’Italie, les tentatives de passage direct se sont multipliées, même avec des bateaux plus gros, comme cela fut le cas en octobre avec un ferry transportant près de 400 passagers. Les bateaux sont souvent vétustes et les migrants sont entassés, fréquemment sans gilets de sauvetage. La traversée qui peut durer plus de deux jours pour atteindre l’Italie coûte près de 9 000 euros.

« Ils partent des grands ports »

D’après Nikolaos Kokkalas, porte-parole des gardes-côtes grecs, environ 130 navires avec près de 13 000 migrants ont essayé en 2021 de rejoindre l’Italie depuis le rivage turc, en passant par la mer Egée et le sud de la Crète. « Ces grands navires ne partent pas des plages désertes, comme certains petits canots pneumatiques qui tentent de venir sur les îles grecques. Ils partent des grands ports, ce qui montre que la Turquie n’a pas le contrôle qu’elle devrait avoir dans ses propres ports. Lorsque 80 à 100 migrants montent sur un voilier, cela ne peut se faire sans que les autorités turques le voient », dénonce le ministre des migrations grec, Notis Mitarachi.

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