Un groupe armé a pillé près de 2 000 tonnes d’aide du Programme alimentaire mondial (PAM) au Darfour, dans l’ouest du Soudan, où un habitant sur trois dépend de l’aide humanitaire, a indiqué mercredi 29 décembre un responsable à l’AFP.
« Nous sommes en train d’évaluer ce qui a été volé dans les hangars qui abritaient environ 1 900 tonnes de produits alimentaires », a déclaré ce responsable du PAM au Soudan. Mardi soir, « vers 20 heures, nous avons entendu de nombreux tirs dans l’est d’Al-Facher », chef-lieu du Darfour-Nord, a rapporté à l’AFP un résident, Mohamed Salem, joint par téléphone.
« L’assistance humanitaire ne devrait jamais être une cible », a dénoncé dans un communiqué Khardiata Lo N’diaye, numéro deux de la mission de l’ONU dans le pays, appelant Khartoum à « augmenter les efforts pour protéger le travail humanitaire ».
L’agence de presse officielle Suna a rapporté qu’un couvre-feu nocturne avait été imposé à Al-Facher après cette attaque. Le gouverneur du Darfour, Minni Minawi, a promis sur Twitter que « les auteurs et complices de ce crime seront présentés à la justice », dénonçant un « acte barbare ».
« Pillages et violences »
La semaine dernière, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres avait déjà condamné des « pillages et des violences » près d’une ancienne base logistique des Nations unies à Al-Facher remise aux autorités locales au début du mois.
Le Darfour, vaste région régulièrement secouée par des heurts, notamment provoqués par des disputes territoriales ou les difficultés d’accès à l’eau, a connu une longue guerre qui a fait depuis 2003 au moins 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés selon l’ONU.
Pour ces exactions, la Cour pénale internationale (CPI) exige de juger le dictateur chassé en 2019, Omar Al-Bachir, pour « génocide » et « crimes contre l’humanité ».
Les miliciens arabes janjawids, envoyés par le pouvoir d’Al-Bachir contre les différents groupes ethniques du Darfour, sont également accusés de « nettoyage ethnique » et de viols. Depuis, des milliers d’entre eux ont été intégrés aux Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdane Daglo, désormais numéro deux de la plus haute autorité de la transition au Soudan.
Affrontements tribaux
En outre, plusieurs anciens chefs rebelles du Darfour ont intégré le pouvoir post-Bachir après avoir signé la paix avec Khartoum en octobre 2020.
Malgré tout, alors que militaires et civils de la mission de paix conjointe de l’ONU et de l’Union africaine (Minuad) se retiraient après treize ans de mission, des affrontements tribaux et des attaques de milices ont de nouveau fait des centaines de morts en 2021, essentiellement au Darfour-Ouest. Près de 250 civils ont ainsi été tués dans des heurts entre éleveurs et cultivateurs ces seuls trois derniers mois.
L’ONU ne cesse d’alerter sur les dégâts créés par ces affrontements saisonniers pour les terres, l’eau ou les ressources qui ravagent maisons, champs et récoltes au Darfour, qui accueille la quasi-totalité des trois millions de déplacés du pays.
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